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Influenza aviaire : un épisode singulier

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Depuis plus de cinq mois, les agents de l’OFB sont mobilisés pour comprendre et identifier les causes de l’épidémie d’influenza aviaire qui touche particulièrement les goélands argentés et les fous de Bassan.

Le 11 mai 2022, un cadavre de goéland argenté (Larus argentatus) a été découvert dans le périmètre du Parc du Marquenterre, en baie de Somme. Deux mois plus tard, c’est un fou de Bassan (Morus bassanus) qui a été retrouvé mort sur les côtes bretonnes. Dans les deux cas, les analyses ont révélé que les volatiles ont succombé à l’influenza aviaire.

Si plusieurs hivers, cette maladie a sévi en France et entraîné l’abattage de plusieurs millions de volailles d’élevage, c’est une des premières années qu’elle frappe hors période hivernale et qu’elle se transmet massivement au sein des espèces sauvages sur notre territoire.

En effet, depuis la découverte des premiers cas au printemps, plusieurs milliers d’autres ont été recensés sur l’ensemble des côtes atlantiques françaises. Ces recensements ne sont qu’un faible reflet de l’ampleur théorique de la contamination car la plupart des individus périssent en pleine mer.

Une implication locale et nationale

Sur requête du ministère de l’Agriculture, les experts de l’OFB effectuent le suivi épidémiologique de la maladie. En partenariat avec le CNRS, le MNHN, des scientifiques de l’Anses et des vétérinaires, ils essaient de comprendre et d’identifier les causes de ces épisodes.

Trois hypothèses semblent pour le moment expliquer ce phénomène inédit :

  • La maladie qui s’est déclarée en pleine couvaison, alors que les poussins sont vulnérables et très contaminateurs,
  • Le fait que ces oiseaux évoluent en colonie ce qui favorise les contaminations,
  • Les fortes chaleurs qui ont pu affaiblir les systèmes immunitaires des oiseaux.

L’Office français de la biodiversité est aussi fortement impliqué au niveau local. Ils collaborent notamment étroitement avec les services préfectoraux en participant aux nombreuses réunions de crise.
Sur le terrain, ce sont les premiers à être appelés lors de la détection d’un oiseau mort, et ils se déplacent sur tout nouveau territoire ou nouvelle espèce concernés. Les services départementaux collectent les spécimens et les apportent aux laboratoires vétérinaires pour analyses. A ce jour, plusieurs centaines de prélèvements sont revenus positifs.

Tous les 15 jours environ, ils effectuent également des collectes sur des zones de contrôle temporaire, zones dans lesquelles des cas ont déjà été signalés et où toutes les volailles et oiseaux captifs doivent être maintenus à l’intérieur des bâtiments pour endiguer les transmissions. Ces données permettent ainsi de suivre l’évolution du virus mais également de déterminer la nécessité de prolonger ou non le confinement des oiseaux d’élevage.

Il faudra encore attendre quelques années pour pouvoir déterminer l’ampleur de cet épisode, cependant le fait qu’il se soit déclaré au printemps et ait continué cet été laisse présager des impacts importants pour la faune sauvage.
Selon les premiers résultats, cette souche d’influenza aviaire ne se transmet pas à l’Homme mais plusieurs mammifères se nourrissant d’oiseaux (renards, phoques et un marsouin) ont déjà été atteints dans d’autres pays d’Europe.