Les milieux terrestres

La France compte 672 051 km² d’espaces terrestres, ce qui la classe au 41e rang mondial en termes de superficie. Elle possède un relief varié formé de plaines, de collines, de plateaux ou de montagnes.

Ces espaces se répartissent en trois catégories :

  • 8 % du territoire français est artificialisé
  • 45 % est consacré aux surfaces agricoles
  • 47 % sont couverts par des milieux naturels ou semi-naturels

(Source : L’occupation du sol entre 1982 et 2018)

Exemples d’habitats naturels ou semi-naturels

Les forêts françaises

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Vue de la forêt amazonienne. Crédit photo : Guillaume Feuillet / Parc amazonien de Guyane
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Les forêts françaises s’étendent sur 25,7 millions d’hectares dont 17 millions d’hectares en métropole et 8,7 dans les Outre-mer. En France métropolitaine, les trois quarts de la forêt sont privés. En Outre-mer, elle est en majorité publique.

La forêt tropicale guyanaise représente à elle seule 7,5 millions d'hectares, soit 85  % du département. Cette forêt abrite environ 10 000 espèces végétales (dont 1 000 essences d’arbres), 1 200 vertébrés et 400 000 insectes (soit 10 à 20 % des espèces inventoriées dans le monde). Elle est un point chaud mondial de biodiversité.

Les forêts de France métropolitaine, quant à elles, sont composées de 138 essences d’arbres (65 % de feuillus) dont 6 principales : chênes, hêtres, châtaigniers, sapins, épicéas, pins.

L’exploitation des habitats forestiers est régie en France par le Code forestier. Il existe une police forestière, et une réglementation qui encadre le défrichement, garantissant dans une certaine mesure la vocation forestière du sol.

Les forêts constituent l’habitat de nombreuses espèces (forestières, mais on y trouve aussi des espèces agricoles qui s’y réfugient). Le bois mort – debout ou au sol –, en particulier, pourvoit différents types de micro-habitats pour oiseaux, chauve-souris, mousses, lichens... Il est essentiel à de multiples organismes qui y accomplissent tout ou partie de leur cycle de vie : les espèces dites saproxyliques, comprenant des champignons, des bactéries, et des insectes (termites, coléoptères). Ces espèces représenteraient près du quart des espèces forestières en métropole, et beaucoup seraient menacées.
Les forêts abritent également des mammifères parmi lesquels des ongulés sauvages comme le chevreuil, le cerf élaphe ou le sanglier.

Aujourd’hui, la forêt gagne du terrain tous les ans en France métropolitaine, mais les forêts anciennes, c’est-à-dire présentes depuis au moins le milieu du XIXe siècle, régressent. Si les habitats forestiers sont relativement moins dégradés que d’autres milieux, seuls 1/5 d’entre eux est considéré comme en état favorable de conservation.
En Guyane en revanche, une grande majorité de la forêt est ancienne. Lieu de vie et d’activités vivrières, elle subit de nombreux dommages de l’orpaillage illégal.

Les infrastructures agroécologiques

Les infrastructures agroécologiques peuvent être considérées comme des éléments semi-naturels fixes et pérennes de l’espace agricole. On y recense notamment :

  • Les prairies semi-naturelles qui sont constituées d’un couvert végétal herbacé installé depuis plusieurs dizaines d’années.
  • Les pelouses qui sont des formations végétales rases composées essentiellement de plantes herbacées vivaces et annuelles peu colonisées par les arbres et les arbustes.
  • Les bandes enherbées qui correspondent, pour partie, aux bandes tampons végétalisées rendues obligatoire par la réglementation sur une largeur de 5 m le long des cours d’eau et plans d’eau dans le cadre des bonnes conditions agro-environnementales de la PAC, de la directive nitrate et des zones non traitées.
  • Les haies, composées de bois et d’arbustes, qui constituent notamment de multiples micro-habitats fréquentés par de nombreuses espèces (oiseaux, petits mammifères, insectes…).
  • Les mares et étangs qui favorisent la diversification faunistique et floristique grâce à des habitats variés.
Haies à Champdeniers (Deux-Sèvres). Crédit photo : Jean-Louis Aubert

Les infrastructures agroécologiques visent ou contribuent à :

  • Héberger la biodiversité ordinaire et remarquable ;
  • Produire de la biomasse végétale, fongique (champignons) et animale ;
  • Faciliter le fonctionnement de réseaux trophiques (régulation biologique, pollinisation…) et ainsi
  • Diminuer le recours aux pesticides ;
  • Assurer la séquestration de carbone, en particulier dans les sols, et ainsi lutter contre le changement climatique ;
  • Protéger les ressources en eau en quantité et en qualité (régulation des flux d’eau dans les bassins versants, épuration) et ainsi participer à la gestion équilibrée de la ressource en eau ;
  • Préserver les sols (lutte contre l’érosion, maintien de la faune du sol...).

Les sols

 

Longtemps vu comme une simple surface, les sols sont des écosystèmes nés à l’interface de la géosphère et de l’atmosphère.

Les sols assurent de multiples fonctions qui sont à l’origine de nombreux services écosystémiques tels que la fourniture de nourriture, la séquestration de Carbone et la purification de l'eau. Les sols sont les plus grands réservoirs terrestres de carbone, ils hébergent plus de 25 % de toute la biodiversité et fournissent 95 à 99 % de la nourriture à 8 milliards de personnes.

Véritables lieux de vie, un gramme de sol héberge plus d’un milliard de bactéries, de milliers d’espèces différentes mais également 1 à 100 milliers d’espèces de champignons.

Cependant, comme l’eau, l’air et la biodiversité, les sols sont des ressources naturelles limitées dont les altérations sont difficilement réversibles. Ils ne sont pas renouvelables à l’échelle humaine et il faut 10 000 à 100 000 ans pour faire un sol d’une profondeur d’un mètre à un mètre cinquante.

Au niveau européen, la mission sol d’Horizon Europe estime notamment que :

  • 83 % des sols agricoles sont contaminés avec des pesticides résiduels ;
  • 65-75 % des sols agricoles sont soumis à des apports de nutriments à des niveaux risquant d'entraîner l'eutrophisation des sols et de l'eau et d'affecter la biodiversité.
  • 13 % seulement du développement urbain se fait sur des terrains urbains recyclés ;
  • les sols cultivés perdent du carbone à un taux de 0,5 % par an et 50 % des tourbières sont drainées et perdent du carbone ;
  • 24 % des terres ont un taux d'érosion hydrique non viable ;
  • 520 millions de tonnes de sols excavés sont traités comme déchets chaque année, ce qui représente la plus grande source de déchets produite dans l'UE, bien que la majorité d'entre eux ne soient pas contaminés.

Dans l’Union européenne (UE), on estime qu’environ 60 à 70 % des sols sont en mauvaise santé. Les terres et les sols continuent à subir d’importantes dégradations par des processus tels que l’érosion, le tassement, la diminution de la teneur en matière organique, la pollution, le déclin de la biodiversité, la salinisation et l’imperméabilisation. Ces dommages résultent d’une utilisation et d’une gestion non durables des terres, de leur surexploitation et des émissions de polluants. À titre d’exemple, l’érosion cause une perte annuelle de terres. Entre 2012 et 2018, chaque année, plus de 400 km² de terres en valeur nette ont été perdus au sein de l’Union européenne.

Les pressions sur les milieux naturels ou semi-naturels

Si la plupart des habitats terrestres ont été façonnés par les activités humaines, le développement et l’expansion rapide des activités humaines détruit et fragmente les milieux, les rendant moins fonctionnels. Selon un communiqué de l’IPBES, la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale a décliné de 23 % à cause de la dégradation des sols.

L’artificialisation des sols

L’une des causes principales de la dégradation de ces habitats est l’artificialisation des sols. Ce processus se définit, depuis la loi Climat et Résilience de 2021, comme « l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage. »  Il s’agit par exemple de la transformation d’un sol naturel, agricole ou forestier en espace bâti pour qu’il remplisse des fonctions d’habitat, de transport, de commerce…

Selon l’observatoire de l’artificialisation, près de 255 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés depuis 2010. Il disparait tous les 10 ans l’équivalent d’un département comme les Yvelines.

Ce sont aux alentours des grandes villes et des littoraux atlantique et méditerranéen que ce phénomène a été le plus marqué cette dernière décennie.

L’agriculture intensive

Pour faciliter la mécanisation, les parcelles agricoles ont été regroupées pour augmenter leur surface. Ce regroupement a conduit à une simplification des paysages et à la destruction de haies et de bocages.

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Pulvérisation de pesticides sur des cultures. Crédit photo : Laurent Mignaux / Terra
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Les produits phytosanitaires (insecticides, herbicides et fongicides) et les fertilisants utilisés par certaines pratiques agricoles ont de nombreuses conséquences sur la biodiversité puisqu’ils se retrouvent dans l’air, les sols, les eaux ainsi que la faune et la flore. Ils bousculent entièrement la chaine alimentaire des espèces présentes.
Selon l’ONB, les ventes de produits phytosanitaires pour usage agricole ont augmenté de 15 % entre la période 2009-2011 et la période 2017-2019 en France métropolitaine.

Les apports d’engrais azotés représentent une autre menace qui vient affecter la qualité des eaux souterraines (avec des impacts locaux significatifs sur la disponibilité en eaux potables), ainsi que l’équilibre des écosystèmes aquatiques connectés (phénomènes d’eutrophisation, notamment dans les lacs ou sur le littoral).

Enfin de manière plus générale, l’apport de matières fertilisantes issues de l’élevage, des biodéchets ou des boues urbaines s’accompagne de l’incorporation aux sols de divers contaminants chimiques (résidus de médicaments humains ou vétérinaires, microplastiques et autres résidus persistants).
Le recours accru aux matériaux plastiques en agriculture (paillage, serres, fertilisants encapsulés, …) induit de nombreuses préoccupations non élucidées en termes d’impacts sur les écosystèmes terrestres.

Le changement climatique

Le changement climatique a des conséquences majeures pour le vivant sur le long terme. Il impacte le cycle de vie des organismes et influence la distribution spatiale et temporelle de nombreuses espèces.
Les montagnes font partie des écosystèmes terrestres les plus directement affectés par l’augmentation des températures.
Dans les Alpes, par exemple, les plantes forestières ont remonté d’environ 30 mètres à cause de l’augmentation de la température. En « allant plus haut », les espèces ont moins d’espace pour se développer. Certaines espèces peuvent aussi beaucoup moins facilement s’adapter que d’autres à ces changements dans les périodes de disponibilité des ressources végétales alimentaires.

Les sécheresses du sol et de l’air ont également des répercussions sur la vitalité de nombreuses forêts. Dans l’Hexagone, les forêts subissent un dépérissement massif. Les arbres se dessèchent, sont affaiblis et attaqués par des insectes ravageurs. D’ici dix à trente ans les aires de répartition du hêtre et du chêne vont fortement diminuer et dans cinquante ans plus de la moitié de la forêt française sera modifiée avec le remplacement des espèces locales par des espèces exotiques plus adaptées au futur climat.

L’accroissement de la population humaine

Plus la démographie de la population augmente, plus les besoins en nourriture, matériaux, énergies et espaces sont importants. Ces besoins participent à l’accroissement de l’exploitation des ressources naturelles (au-delà de leurs capacités de régénération), à l’urbanisation et au recours à l’agriculture intensive.
Selon l’ONB, les écosystèmes où la présence de l’Homme est faible occupent seulement 53,3 % du territoire national.

L’OFB acteur de la protection de la biodiversité terrestre

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Contrôle d'un quad circulant dans un espace naturel. Crédit photo : OFB
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Les agents de l’Office français de la biodiversité agissent au quotidien pour protéger les écosystèmes terrestres.

Les inspecteurs de l’environnement instruisent les dossiers et mettent en œuvre des campagnes de contrôles notamment sur la circulation des véhicules motorisés dans les espaces naturels, les pollutions ou encore les dépôts d’ordures.

Lors des chantiers d’aménagements, ils étudient les dossiers et rendent des avis dans le cadre de la séquence « Eviter, réduire, compenser ».

En contact permanent avec la nature, les agents de l’OFB sont les premières sentinelles des évolutions et dégradations de la biodiversité. Ils sont aussi partie prenante de la sensibilisation et de l’information du public.

Les scientifiques de l’OFB participent au quotidien à la connaissance sur les milieux, les espèces et leurs interactions.
Par ailleurs, deux services sont dédiés aux écosystèmes terrestres : le premier focalisé sur des thèmes liés aux fonctionnements des écosystèmes agricoles et aux impacts et transferts des agents polluants et infectieux dans l’environnement ; le second sur d’autres formes d’anthropisation et d’impacts découlant des changements globaux (usages récréatifs, changement climatique, pollutions, énergies renouvelables, etc.). Ces deux services œuvrent à la compréhension des mécanismes des pressions subies par les écosystèmes terrestres, et à l’élaboration de préconisations pour en réduire les effets.

L’Office français de la biodiversité est gestionnaire de plusieurs aires protégées terrestres qui cherchent à concilier protection de la biodiversité et développement des activités humaines.
Ainsi l’OFB gère ou co-gère 29 réserves et 4 sites Natura 2000 terrestres. Les 11 parcs nationaux de France sont également rattachés à l’établissement.

Aussi, pour développer la présence et l’efficacité de ces espaces protégés en France, l’OFB a participé à l’élaboration de la Stratégie nationale pour les aires protégées, et est désormais l’un des acteurs majeurs de sa mise en œuvre.

Pour allier agriculture et biodiversité, l'Office français de la biodiversité affiche sa volonté de s’appuyer sur les principes de l’agroécologie. Pour accompagner la transition agroécologique des territoires, l’OFB développe les connaissances, les outils et les diffuse, expérimente avec des réseaux dans les territoires et participe à la formation des futurs agriculteurs et des élus.

La réserve nationale de chasse et de faune sauvage d'Orlu. Crédit photo : OFB

L'Office français de la biodiversité gère aussi pour le compte de l’Etat, l’enveloppe nationale Ecophyto qui vise à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires tout en maintenant une agriculture économiquement performante.

Au niveau de la mobilisation de la société, l’Office français de la biodiversité accompagne de nombreux acteurs à travers plusieurs programmes comme les Atlas de la biodiversité communale ou Engagés pour la nature. Il pilote également des centres de ressources dont l'objectif est de développer les compétences et d'accompagner techniquement les acteurs et professionnels de la biodiversité sur des thématiques ciblées.