Les zones humides

Les zones humides rendent de multiples services mais elles restent menacées par les activités humaines. Enrayer leur déclin est aujourd’hui devenu primordial.

Les zones humides, c’est quoi ?

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Tourbière du Hauts-Doubs. Crédit photo : Sébastien Lamy / OFB
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Comme leur nom l’indique, les zones humides sont caractérisées par la présence d’eau, qu’elle soit en surface ou dans le sol, de façon permanente ou temporaire. Ce sont des zones de transition, entre terre et eau.

Selon l’article L211-1 du Code de l’environnement, les zones humides sont des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année ».

Tourbières, prairies inondées, marais, prés salés, forêts alluviales ou encore mangroves, il existe de nombreuses zones humides différentes et chacune abrite d’innombrables espèces de plantes et d’animaux.

À l’heure actuelle, s’il existe un réseau partenarial des données sur les zones humides, aucun inventaire national ne permet d’évaluer de manière précise la surface couverte par les milieux humides sur le territoire français. Cependant, les travaux cartographiques les plus récents (2023) estiment que 30 % du territoire hexagonal est propice à la présence de zones humides.
En Outre-mer, 91 055 hectares de mangroves sont sous juridiction française. (Les zones humides en France - Synthèse des connaissances en 2021).

Les zones humides au coeur des territoires

Dans les anciennes cartes (Cassini, Etat Major…) les noms des lieux (toponymie) nous révèlent l’appropriation de ces milieux par les populations locales. Gwern, agouets, bouillat, brière, fagne, palud, tous ces noms désignent anciennement les milieux humides et prennent leurs origines dans les langues régionales dont l'usage est souvent antérieur à celui du français comme le breton, le basque, l'alsacien, le provençal, le créole guadeloupéen…

Les zones humides, sources de multiples bienfaits

Les zones humides fournissent de multiples services utiles aux équilibres naturels et aux activités humaines :

  • Rétention des eaux en période d’inondation ;
  • Préservation de la ressource en eau en période de sécheresse ;
  • Épuration de l’eau en particulier l’azote et le phosphore ;
  • Limitation de l’érosion des sols ;
  • Stockage du carbone ;
  • Régulation climatique ;
  • Fourniture de ressources naturelles (foin, bois, produits laitiers, poisson, viande, plantes médicinales…) ;
  • Réservoir de biodiversité pour de nombreuses espèces.

Au-delà de ces services, les zones humides jouent également un rôle social, culturel, patrimonial et esthétique.

Des écosystèmes toujours menacés

Selon la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), 87 % des zones humides ont disparu entre le 18e et le 20e siècle. La perte de zones humides est actuellement trois fois plus rapide que la perte de milieux forestiers.
En France, on estime que la moitié des zones humides a disparu entre les années 1960 et 1990 (Rapport d’évaluation sur les zones humides – Comité interministériel de l’évaluation des politiques publiques).

Les activités humaines sont les principales causes de disparition des milieux humides. Le ministère en charge de l’écologie classe de manière décroissante les principales menaces :

  • L’artificialisation des sols par l’urbanisation et la création d’infrastructures de transports ;
  • L’intensification de l’agriculture (drainage, pollutions, pesticides) ;
  • L’introduction d’espèces exotiques envahissantes (ragondin, jussie, baccharis, grenouille taureau…) ;
  • L’aménagement des cours d’eau et la création de plan d’eau ;
  • La déprise agricole et la plantation de peupliers et résineux ;
  • Les prélèvements excessifs d’eau.

En 2023, on estime que 8 % sur les 30 % de secteurs propices à la présence de zone humides ont été urbanisés et on estime qu’environ 3,2 millions d’hectares ont fait l’objet de drainage agricole.

Les zones humides sont ainsi confrontées à un nombre croissant d’activités humaines qui peuvent être de nature à les altérer ou à les faire disparaître.
En 2020, l’Évaluation nationale des sites humides emblématiques initiée par le ministère en charge de l’écologie et l'Office français de la biodiversité a étudié 223 sites humides (174 dans l’Hexagone et 49 en Outre-mer) afin de mesurer ces pressions. En moyenne, chaque site subissait les pressions de 14 activités humaines différentes. De plus, seuls 14 % de ces sites emblématiques ne sont pas touchés par la prolifération d’espèces exotiques envahissantes.

La dernière évaluation de la directive européenne Habitats-Faune-Flore pour la période 2013-2018 confirme ces résultats : seuls 6% des habitats humides sont en bon état de conservation.

Travaux de terrassement illégaux sur une zone humide. Crédit photo : Marc Le Baron / OFB
Roselière envahie par la jussie. Crédit photo : Luc Tison / OFB
Pollution d'une mangrove à Mayotte. Crédit photo : Laoumi Aboutoihi / OFB

Comment préserver les zones humides ?

Les politiques publiques

Pour définir les orientations internationales en matière de protection des zones humides, la convention de Ramsar sur les milieux humides a vu le jour le 2 février 1971, dans la ville de Ramsar en Iran. En 2024, ce traité intergouvernemental regroupe 172 pays qui s’engagent à la conservation des zones humides et un réseau de 2 431 sites d’importances internationales (dit aussi site Ramsar) labellisés dans le monde dont une cinquantaine en France.

Au niveau national, l’État français a fait évoluer sa réglementation en faveur des zones humides depuis 1992 :

  • en abrogeant des textes défavorables à leur préservation ;
  • en intégrant le sujet dans les documents de planification (eau et urbanisme) ;
  • en fixant des objectifs d’acquisition et de gestion à certains établissements publics d’Etat ;
  • en conférant une compétence obligatoire de préservation et restauration des zones humides aux collectivités ou leurs groupements ;

Pour favoriser les zones humides, l'État français a également mis en place plusieurs plans nationaux d’actions successifs.
Le 4e plan national d’action milieux humides a été lancé en 2022 avec pour objectif de poursuivre les efforts engagés et d’amplifier les actions en faveurs de la connaissance, de la protection et de la restauration des milieux humides.
Dans le cadre de ce plan national d’actions, au moins 325 millions d’euros seront dédiés par l’État et ses opérateurs sur la période 2022-2026.

Quelques actions phares du 4e plan national d’action milieux humides

  • Doubler la superficie des milieux humides sous protection forte en métropole d’ici 2030 ;
  • Préserver des zones humides par l’acquisition de 8 500 ha d’ici à 2026 ;
  • Accélérer l’extension du réseau Ramsar en France, avec la labellisation de 2 sites par an ;
  • Restaurer 50 000 hectares de zones humides d’ici à 2026 ;
  • Développer des pratiques économiques (agricoles, forestières, aquacoles, piscicoles) et de loisirs (cynégétiques, sportives et touristiques) qui préservent les milieux humides ;
  • Cartographier l’ensemble des zones humides françaises d’ici fin 2024

Le Centre de ressources milieux humides

L’Office français de la biodiversité assure la coordination du Centre de ressources Milieux humides en partenariat avec les cinq Pôles-relais zones humides, l’association Ramsar-France et l’Office international de l’eau. Ce centre de ressources a pour ambition d’accompagner l’ensemble des acteurs des territoires dans la mise en œuvre de la politique nationale en faveur des zones humides. Organisé selon un mode de travail partenarial et collaboratif, il s’articule autour de trois missions principales :

  • Animer les réseaux d'acteurs ;
  • Accompagner techniquement les acteurs ;
  • Produire et diffuser des ressources.

Préservation et restauration

Afin d’enrayer le déclin des zones humides, de nombreux projets de préservation et/ou restauration ont vu le jour partout en France.

L’OFB est également gestionnaire d’espaces naturels protégés dont plusieurs zones humides qui font l’objet d’activités de recherche.

Dans le cadre du jeu de grattage Mission Nature, près d’un tiers des projets financés sont consacrés aux zones humides :

Prévention et contrôles

En lien avec les services déconcentrés de l’État, l’OFB participe à l’exercice des polices administrative et judiciaire relatives à l’eau (pollution de la ressource, atteinte aux zones humides ou littoral), aux espaces naturels, à la flore et la faune sauvage (espèces gibier ou protégées, lutte contre les trafics d’espèces), à la chasse (contre-braconnage, renforcement de la sécurité à la chasse) et à la pêche.
Près de 800 contrôles en zones humides et marais sont réalisés par an.

Mobilisation

Afin de sensibiliser les citoyens aux enjeux de protection et de reconquête des zones humides, des animations sont proposées toute l’année sur la plateforme « J’agis pour la nature ».
Chaque année, le 2 février, date anniversaire de la signature de la convention de Ramsar, la Journée mondiale des zones humides constitue un temps fort de mobilisation pour faire connaître ces milieux.
En France, cet événement est célébré pendant un mois complet avec près d’un millier d’animations.

Par ailleurs, les zones humides sont abordées dans de nombreux dispositifs pilotés par l'OFB : aires éducatives, engagés pour la nature, écocontribution...