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Concilier activités humaines et biodiversité dans les aires protégées

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Dans le neuvième numéro de Biodiversité, des clés pour agir, la revue technique de l’Office français de la biodiversité (OFB), Ana Elkaïm, Pierre Vionnet-Fuasset et Adrien Jailloux de l’OFB reviennent sur les fondements et l’évolution du réseau Sinapce.

Depuis 2022, l’Office français de la biodiversité (OFB) pilote le réseau Sinapce (Sites INnovants pour des Activités en aires Protégées Compatibles avec les enjeux Écologiques). Ce réseau national a été créé pour identifier, valoriser et accompagner des initiatives locales qui cherchent à rendre les activités humaines plus compatibles avec la préservation de la biodiversité, au sein des aires protégées françaises.

Comme le souligne l’article, « les activités humaines, profondément dépendantes de la biodiversité et des fonctions et services écosystémiques, sont pourtant la principale cause de leur brutale détérioration ». Face à ce paradoxe, Sinapce mise sur la coopération et la diffusion d’expériences concrètes pour améliorer les pratiques.

Soutenir, expérimenter, diffuser

Le fonctionnement du réseau repose sur plusieurs sites, sélectionnés pour leur compatibilité entre activités humaines et biodiversité. Ces sites, terrestres ou marins, couvrent une grande diversité d’activités : agriculture, sylviculture, pêche, chasse, urbanisme, tourisme, énergies renouvelables, gestion des risques naturels, etc.
Le réseau ne cherche pas à désigner des « modèles », mais à soutenir des démarches inspirantes : « Ils se démarquent par leurs actions "innovantes" ou leurs retours d’expérience "inspirants", sans être forcément des sites exemplaires ou considérés comme des modèles à suivre ».

Deux exemples illustrent bien cette dynamique :

  • Le projet Pasto’Loire, sur les berges inondables de la Loire moyenne, utilise le pâturage extensif pour entretenir des milieux ouverts menacés de fermeture. Depuis 2012, des partenariats entre conservatoires, éleveurs et pouvoirs publics permettent d’entretenir ces habitats grâce à des races locales.
  • Dans la baie de Saint-Brieuc, la Réserve naturelle nationale a mis en place une gestion rigoureuse de la pêche à pied en évaluant chaque année les gisements de coquillages. Ces suivis permettent de garantir un équilibre entre exploitation raisonnée et préservation des ressources alimentaires des oiseaux migrateurs.

Pour faciliter le transfert de ces bonnes pratiques, plusieurs outils ont été mis en place : fiches de retours d’expérience, vidéos, ou encore dossiers thématiques à destination des gestionnaires, socio-professionnels et usagers. Ces outils alimenteront un plan de communication structuré à partir de 2025, pour « renforcer l’organisation de la diffusion des différents supports créés et communiquer sur les actions du réseau Sinapce ».

Le réseau Sinapce a été conçu en partenariat avec la Fédération des Parcs naturels régionaux et la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels, dans le cadre du premier plan d’action de la Stratégie nationale pour les aires protégées 2021-2030. Depuis 2024, il s’inscrit également dans le projet européen LIFE Biodiv’France, renforçant ses moyens jusqu’en 2032.

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Quelques actions menées par l’OFB dans les aires protégées

En complément du réseau Sinapce, l’OFB est fortement impliqué dans la mise en œuvre d’actions concrètes dans les aires protégées, visant à concilier usages du territoire et conservation de la nature.

  • Dans les Parcs naturels marins, l’OFB anime des démarches de concertation pour co-construire avec les acteurs de la mer (pêcheurs, plaisanciers, collectivités, scientifiques) des chartes de bonnes pratiques. Ces outils permettent par exemple de protéger les herbiers de posidonie ou encore de réguler la vitesse de navigation pour limiter les collisions avec la faune marine.
  • Dans les réserves, des suivis scientifiques rigoureux guident les décisions de gestion. Par exemple, dans les zones humides, certaines réserves expérimentent des niveaux d’eau pilotés pour favoriser la nidification des oiseaux d’eau sans perturber les pratiques agricoles voisines.
  • Dans les aires protégées de montagne, des itinéraires de sports de nature sont adaptés pour réduire le dérangement de la faune (tétras lyre, chamois, etc.) en période sensible. L’OFB travaille ici en étroite collaboration avec les collectivités, les clubs sportifs et les associations naturalistes.
  • Dans le cadre du réseau Natura 2000, l’OFB soutient également de nombreux projets agroécologiques avec des agriculteurs volontaires. Parmi les pratiques encouragées : la fauche tardive, la préservation des prairies permanentes, la réduction des intrants chimiques, ou encore la restauration de haies et de mares.

Autant d’actions qui, comme celles du réseau Sinapce, montrent que la compatibilité entre activités humaines et biodiversité n’est pas forcément une contrainte, mais peut représenter un levier d’innovation et de résilience pour les territoires.