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Étude MIGRALION : des connaissances inédites sur les oiseaux dans le golfe du Lion, en Méditerranée

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Le programme MIGRALION livre aujourd’hui des résultats inédits sur les migrations d’oiseaux terrestres et marins au-dessus des eaux françaises de Méditerranée. Pour la première fois, trois années de suivis et plusieurs téraoctets de données ont été analysés pour mieux comprendre l’usage de l’espace maritime par l’avifaune et les chiroptères dans le golfe du Lion.
La connaissance inédite des espèces présentes et des saisonnalités de leurs déplacements, apportée par le programme MIGRALION, permettra notamment de mieux définir les études d’impacts des projets de parcs éoliens en mer ainsi que les mesures d’évitement, de réduction et de suivi associées de l’atteinte potentielle à ces espèces, afin de renforcer leur pertinence et leur efficacité. 

Lancé en 2020 à l’initiative de la commission spécialisée « éolien flottant » du conseil maritime de façade Méditerranée et piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB) à la demande des ministères en charge de la biodiversité et de l’énergie, le programme MIGRALION dévoile aujourd’hui ses résultats après quatre années de travaux scientifiques sans précédent en Méditerranée. Financé à hauteur de 4,4 millions d’euros par l’État et les régions Provence-Alpes Côte d’Azur et Occitanie, ce programme visait à répondre à un manque important de connaissances sur la présence et les comportements des oiseaux et de la faune volante dans le golfe du Lion, les zones de passages en mer privilégiées par les oiseaux migrateurs terrestres, et les zones de présence des oiseaux marins (zones d’alimentation, de repos...).

Mieux comprendre la biodiversité face à l’essor des activités humaines en mer

La connaissance des comportements et des axes migratoires de la faune volante qui fréquente le golfe du Lion est un défi pour les scientifiques. Certaines espèces de migrateurs terrestres, comme les passereaux dont on sait qu’ils survolent mers et océans pendant leurs migrations, sont particulièrement difficiles à étudier en raison de leur petite taille et de leurs déplacements migratoires principalement nocturnes. Quant aux oiseaux marins, si les espèces présentes dans le golfe du Lion sont bien connues, leurs périodes et zones de présence en mer restaient, jusqu’à récemment, peu documentées. 

Le programme MIGRALION a donc eu pour mission de contribuer à lever ces zones d’ombre, notamment dans un contexte d’accroissement des activités humaines en mer. Alors que des parcs éoliens pilotes sont implantés à proximité des côtes en limite de mer territoriale et que des parcs commerciaux doivent être implantés, plus au large, au sein de la zone économique exclusive, la connaissance plus fine de l’utilisation de l’ensemble de l’espace marin par ces groupes d’espèces apparaît comme essentielle.

Des résultats très attendus

« MIGRALION est la première étude internationale cartographiant des flux d’oiseaux migrateurs en mer sur une telle surface avec une résolution spatiale aussi précise. Cela tient à l’important effort de collecte de données et au développement de modèles statistiques spécifiques pour le programme. » indique Aurélien Besnard, directeur scientifique du programme et enseignant-chercheur au sein de l’unité Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS.

Concernant certains migrateurs terrestres qui viennent nicher et se reproduire sur nos côtes, les analyses mettent en lumière des flux migratoires variables selon la période. De janvier à juin lors de la remontée du golfe du Lion, c’est-à-dire pendant la période prénuptiale, le flux semble se concentrer sur la partie ouest du golfe. De juillet à décembre, pendant la période qui survient après la reproduction, appelée période postnuptiale, on observe que l’ensemble de la bande côtière élargie (0-50km) est utilisé par ces oiseaux, et qu’ils effectuent également des traversées directes au-dessus du golfe.

Quant aux oiseaux marins étudiés, là encore leur présence en mer dépend de la période. Lors de leur reproduction au printemps et en été, leur présence est maximale sur la frange côtière tandis qu’en période d’hivernage ils occupent une grande zone à l’Ouest du plateau du golfe du Lion ainsi qu’une large bande dans l’Est du golfe de Lion au droit de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Un usage concret des résultats de l’étude

Le 23 juin 2025, la journée de restitution du programme MIGRALION a réuni les membres du comité de pilotage et du consortium scientifique pour dresser le bilan du programme et les perspectives pour la suite. « La migration en Méditerranée est un phénomène très complexe d’une diversité aussi exceptionnelle. MIGRALION a donc juste entre-ouvert la porte de ce phénomène dont il reste beaucoup à découvrir. Notamment sur la migration en mer des oiseaux de petite taille dont les lacunes restent importantes. Il est enfin important de noter que MIGRALION est un programme à large échelle, et qu’il doit maintenant être complété par des études d’impact locales, plus précises, pour anticiper sur les futurs impacts des parcs éoliens en mer. » a rappelé Aurélien Besnard, directeur scientifique du programme, à cette occasion. Le 3 octobre 2025, les résultats et ces perspectives ont été présentés à la commission spécialisée « éolien flottant » du conseil maritime de façade Méditerranée, qui avait souligné la nécessité de l’étude en 2019.

MIGRALION montre certains recouvrements entre des zones de migration ou d’occupation préférentielles des oiseaux et les parcs éoliens implantés et en projet. Les cahiers de charges des parcs commerciaux attribués et à venir obligent notamment les porteurs des projets à mobiliser l’ensemble des résultats de MIGRALION pour concevoir, évaluer et limiter l’impact de leurs projets sur l’avifaune. « Face à l’effondrement incontestable de la biodiversité, l’étude MIGRALION constitue une initiative pionnière essentielle pour améliorer l’acquisition de connaissances et permettre de mieux concilier de grands enjeux stratégiques comme la production d’énergie renouvelable et la protection de la biodiversité » selon Eric Hansen, directeur coordinateur de façade maritime Méditerranée de l’Office français de la biodiversité.

En outre, les résultats de MIGRALION seront mobilisés dans le cadre de la planification des zones de développement de l’éolien en mer à l’horizon 2050 et viendront alimenter l’Observatoire national de l’éolien en mer, chargé de valoriser les connaissances existantes et de conduire de nouveaux programmes d’acquisition de données sur le milieu marin et les effets de l’éolien en mer.

Les résultats de MIGRALION (rapports, posters scientifiques) sont publiés sur le site https://www.eoliennesenmer.fr/observatoire/migralion et les différentes données progressivement mises à disposition sur l’infrastructure de données de l’OFB (https://data.ofb.fr) à partir du 10 octobre. Un webinaire de restitution ouvert à tous se tiendra le 6 novembre, pour permettre au consortium scientifique de présenter ses travaux à une large audience.

Des moyens technologiques inédits déployés

L’une des forces du programme MIGRALION réside dans la diversité des méthodes d’acquisition de données mises en œuvre :

  • Suivis visuels de l’avifaune en mer par bateau de jour, complétés par acoustique et radars embarqués de nuit comme de jour ;
  • Radars ornithologiques à la côte ;
  • Suivis télémétriques notamment par la pose de balises GPS sur plus de 500 individus de 18 espèces d’oiseaux marins et migrateurs ;
  • Enregistrements acoustiques pour les espèces nocturnes ;

« MIGRALION a été l’opportunité de développer des nouvelles méthodes d’analyses de données originales qui seront utiles pour la communauté scientifique en général, y compris en écologie terrestre a priori » souligne Aurélien Besnard, directeur scientifique du programme et enseignant-chercheur au sein de l’unité Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS.

Un programme scientifique interdisciplinaire

Le programme MIGRALION, piloté par l’OFB, a permis de réunir des chercheurs académiques, des bureaux d’études, des associations naturalistes et des instituts de recherche. Cette synergie a permis de croiser expertises écologiques et compétences en modélisation avancée et de travailler sur une large échelle géographique. MIGRALION constitue à ce jour un apport des plus structurants en matière de suivi de la faune volante en Méditerranée.