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Il est encore temps pour sauver la biodiversité marine

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Selon une récente étude internationale publiée en avril dans la revue scientifique Nature, il est encore possible de restaurer les écosystèmes marins d’ici 2050. La bonne santé de ces écosystèmes est stratégique pour l’avenir de l’humanité qui tire de la biodiversité marine des bénéfices vitaux (régulation du climat avec la production d’oxygène et le stockage du carbone, ressources alimentaires, énergies, médicaments, minerais…).

Les mangroves de Mayotte couvrent plus de 700 hectares et comptent sept espèces de palétuviers. Crédit photo : Alexis Rosenfeld / Divergence Image

Si les océans offrent de nombreux services, ils souffrent aussi du dérèglement climatique (augmentation de la température des eaux de surface, acidification…). Ces phénomènes, cumulés avec les autres pressions anthropiques, entraînent de profondes modifications : érosion de la biodiversité marine, modification de l’abondance et la répartition de nombreuses espèces, déséquilibre dans la chaine alimentaire…

L’étude « Restaurer les écosystèmes marins » à laquelle a participé le français, Jean-Pierre Gatusso, directeur de recherche du CNRS, montre que l'abondance, la structure et les fonctions de la vie marine pourraient se rétablir de manière substantielle d'ici 2050, si les principales pressions étaient atténuées. L’étude montre d’ailleurs que quand des actions volontaires à grande échelle sont mises en place, elles peuvent donner des résultats. C’est le cas pour certaines espèces protégées comme les mammifères marins qui ont vu leur population augmenter, ou encore le retour de la mangrove dans certaines régions comme dans le delta du Mékong.

Les solutions

Selon l’étude, la restauration du milieu marin implique la réduction des pressions liées aux activités humaines (diminution des prélèvements, notamment liés à la pêche et des pollutions) ou de la destruction des habitats. Une des solutions retenues par les chercheurs : protéger 50 % des océans par la création d’aires marines protégées (contre un objectif fixé à 10 % actuellement sur le plan international en 2020).

Une température trop élevée peut générer un stress thermique poussant le corail à expulser son algue. On observe alors un blanchissement. Crédit photo : Marine Dedeken / OFB

Mais cette étude montre aussi que ces efforts ne seront récompensés que s’il y a une baisse importante des émissions de gaz à effet de serre au moins à hauteur des accords de la COP 21 de Paris (moins de 2 degrés) et une limitation de la hausse des températures des océans.

La protection : un investissement d’avenir

Le coût de la restauration des écosystèmes marins intégrant ceux du développement du réseau d’aires marines protégées est estimé, selon Jean-Pierre Gatusso interviewé dans le journal Ouest-France du 10 avril, entre 10 et 20 milliards de dollars par an. Un investissement qui s’avère rentable selon lui. En effet, un dollar investi dans la préservation des océans en rapporterait 10 via l’écotourisme, des possibilités de pêche accrues, etc. Et protéger 50 % de la surface de l’océan comme le recommande l’étude à laquelle il a contribué pourrait créer plus d’un million de nouveaux emplois et générer une économie de cinquante-deux milliards de dollars pour les assurances confrontées à moins de risques de tempêtes et de submersions côtières.