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Liste rouge des écosystèmes en France : les rivages rocheux du littoral méditerranéen sous pression

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Suite à la publication en 2020 d’un premier volume de la Liste rouge des écosystèmes côtiers méditerranéens dédié aux dunes côtières et rivages sableux, le Comité français de l’UICN, l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) publient aujourd’hui un second volume sur les rivages rocheux du littoral méditerranéen. Cette évaluation, qui a mobilisé de nombreux experts (universités, Conservatoires botaniques nationaux, Conservatoire du littoral), montre que deux tiers des écosystèmes identifiés sont menacés ou quasi-menacés du fait de l’urbanisation du littoral, de la fréquentation ou encore de la présence d’espèces végétales exotiques envahissantes. Des actions sont nécessaires pour protéger ce patrimoine écologique exceptionnel, avec des cortèges d’espèces que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en France.

En France, les rivages rocheux représentent près des deux tiers du trait de côte méditerranéen, pour l’essentiel situé en Corse et dans la région PACA. A l’interface entre terre et mer, ils abritent une flore et une microfaune particulières très riches, adaptées à des conditions écologiques contraignantes, liées à l’influence de la mer. Ils constituent également des espaces de haltes migratoires, d’hivernage et de reproduction pour les oiseaux marins, pour la plupart protégés et dont certains sont menacés à l’échelle nationale ou régionale. Leur configuration spatiale, souvent restreinte et fragmentée,les rend particulièrement sensibles aux pressions anthropiques. Dans le cadre de cette étude, ce sont 6 écosystèmes qui ont été évalués : 4 relèvent strictement des côtes rocheuses –des rivages rocheux aux maquis bas littoraux, en passant par les garrigues basses et les phryganes, et 2 sont des cordons et plages de galets.

Le bassin méditerranéen, un point chaud de pressions

Un cocktail de menaces affecte ces écosystèmes et sont à l’origine de leur dégradation. Ils subissent dans l’ensemble les conséquences d’une forte artificialisation du territoire. Au-delà de pertes de surface, la densité urbaine et l’attractivité touristique du littoral entraînent une forte fréquentation de ces milieux qui perturbe la faune et déstructure les milieux.

À cela s’ajoute les effets d’une implantation d’espèces exotiques localement envahissantes et qui contribuent à perturber ces écosystèmes. Enfin, ils sont également menacés par les effets des changements climatiques en cours et à venir, en particulier l’élévation du niveau marin qui entraîne une modification de l’interface terre-mer qu’il est essentiel d’anticiper.

Quatre écosystèmes menacés ou quasi-menacés sur les 6 évalués

Les écosystèmes de plages et cordons de galets sont les plus menacés de cette liste. Avec leurs distributions restreintes et fragmentées, ils sont particulièrement fragiles face aux pressions :

  • « En danger », c’est la catégorie retenue pour les plages de galets et graviers à végétation vivace, écosystème que l’on observe plus que très rarement en arrière des plages et cordons de galets ;
  • Plus près de la mer, on observe à la limite du milieu terrestre les plages de galets et graviers à végétation pionnière où une végétation temporaire parvient à s’installer à la faveur des apports de laisses de mer et des rares impacts de la mer. Un peu plus commun sur le littoral, cet écosystème est classé dans la catégorie « vulnérable ».

Les falaises et rivages rocheux méditerranéens et les garrigues basses et phryganes du littoral sont également identifiés comme « quasi-menacés ». Les maquis bas et fourrés des côtes rocheuses méditerranéennes sont quant à eux classés en « préoccupation mineure ». Ce statut ne signifie cependant pas que l’écosystème est à l’abri des menaces, car il nécessite une vigilance pour maintenir son bon état écologique.

Les résultats de cette évaluation font écho à ceux de la Liste rouge des dunes côtières et rivages sableux méditerranéens qui a établi que 7 de ces écosystèmes sur les 9 évalués étaient menacés du fait de l’urbanisation, du recul du trait de côte et de la fréquentation touristique. Ils appellent ainsi à la mise en place d’actions de protection et restauration de ces milieux, dans des régions particulièrement marquées par une forte densité de population et un haut niveau d’artificialisation du littoral.

Qu’est-ce que la Liste rouge des écosystèmes et à quoi sert-elle ?

La Liste rouge des écosystèmes est une méthode d’évaluation élaborée par l’UICN qui vise à estimer le risque d’effondrement des écosystèmes selon des standards scientifiquement établis. Ainsi, le résultat de ces évaluations permet d’identifier les écosystèmes menacés et les dynamiques de dégradation. Complémentaire à la Liste rouge des espèces menacées, cette approche vise à apporter une dimension écosystémique aux connaissances relatives aux risques de disparition de la biodiversité. C’est donc un outil d’aide à la décision destiné à faciliter le développement de stratégies de conservation. Ses résultats sont publics et diffusés dans le cadre de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

Ces évaluations sont le fruit d’une démarche collégiale et partenariale.Elles sont pilotées par le Comité français de l’UICN et PatriNat (OFB,MNHN, CNRS) avec la mobilisation d’experts des écosystèmes qui apportent leurs connaissances et garantissent la qualité des résultats.