À l’occasion des dix ans de la mise en ligne des premiers indicateurs, l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) retrace les grandes tendances de la biodiversité au niveau national sur la dernière décennie. Quels constats peut-on dresser en 2023 à partir des indicateurs publiés par l’ONB ? Comment la biodiversité et les menaces qui pèsent sur elle ont-elles évolué sur le territoire ?
Ces dix dernières années, l’érosion de la biodiversité s’est poursuivie, malgré la mise en place de nombreuses politiques publiques. Il ressort des différents chiffres publiés une prise de conscience progressive des enjeux liés à la biodiversité par la société. Cette préoccupation croissante reste cependant encore limitée, avec des résultats contrastés.
Malgré des signaux positifs sur le plan sociétal, les principales pressions n’ont pas été réduites significativement en France, et se sont, pour certaines, intensifiées pendant la dernière décennie. Il s’agit de la destruction et la fragmentation des habitats naturels, menace la plus importante, qui concerne tous les milieux, tout comme les pollutions. Le prélèvement direct des espèces sauvages touche particulièrement le milieu marin. Le changement climatique est une pression supplémentaire sur le vivant et ses impacts vont s'intensifier dans les prochaines années. De nombreuses espèces sont contraintes de modifier leur aire de répartition ou d’adapter leurs comportements. Au printemps, les oiseaux migrateurs arrivent en France en moyenne 4,7 jours plus tôt en 2022 qu’en 1986. Enfin, on observe ces 10 dernières années une augmentation du nombre d’espèces exotiques envahissantes en métropole.
Ces cinq grandes catégories de pressions sont directement responsables du déclin de la biodiversité en France et dans le monde, altérant l’état des habitats naturels et des espèces. En métropole comme dans les Outre-mer, la situation reste globalement préoccupante ou se dégrade. Dans l’ensemble, l’état de conservation des habitats naturels est défavorable. En métropole, seuls 20 % ont été évalués en bon état de conservation. Les plus touchés sont les milieux humides, côtiers et littoraux.
Le mauvais état de conservation et la disparition de certains habitats, comme les prairies, impactent les espèces qui leur sont inféodées. Les espèces spécialistes se portent globalement moins bien que les espèces généralistes (qui peuvent s’adapter à différents milieux et conditions pour vivre). L’abondance des populations d’oiseaux communs spécialistes a diminué d’un quart entre 1989 et 2022, avec un effondrement de 36 % des populations d’oiseaux spécialistes des milieux agricoles. 17 % des espèces de faune et de flore de France sont actuellement éteintes ou menacées d’extinction. Leur risque d’extinction a augmenté de près de 14 % en moins de dix ans.
L’effondrement de la biodiversité, ainsi que le risque d’uniformisation de la nature qui en découle, mettent en péril le fonctionnement des écosystèmes et leur capacité à résister aux changements globaux, notamment le changement climatique, ce qui représente un enjeu majeur pour l’avenir des sociétés humaines.