Ce qu'il faut savoir sur l'influenza aviaire

Page mise à jour le 12/06/2023

L’influenza aviaire est une maladie contagieuse des oiseaux sauvages, domestiques, et captifs qui peut également toucher les mammifères domestiques et sauvages, et parfois l’homme. Depuis 2007 il n’y a toutefois pas eu de cas avéré de transmission entre-humains en France ni en Europe.

Qu’est-ce que l’influenza aviaire ?

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Bernache nonette. Crédits : Aurélien Audevard / LPO PACA
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Apparue au 19e siècle, l’influenza aviaire est une maladie animale hautement contagieuse qui s’attaque aux voies respiratoires.

Elle est causée par des souches A du virus de la grippe. Deux groupes peuvent être distingués :

  • les virus faiblement pathogènes
  • les virus hautement pathogènes (seulement pour les types H5 ou H7)

L’influenza aviaire se transmet principalement par le contact direct entre des oiseaux infectés et des oiseaux sains mais peut également se transmettre via des surfaces contaminées par des fientes ou des secrétions.

Si l’infection est souvent asymptomatique et bénigne chez les oiseaux sauvages pour les virus faiblement pathogènes, elle peut cependant devenir rapidement mortelle et provoquer de graves épidémies pour les virus hautement pathogènes.

Les enjeux et impacts liés à l’influenza aviaire

Santé humaine

Les virus influenza aviaire (VIA) et ceux de la grippe humaine, possèdent une capacité importante de mutation et de réassortiment (combinaison entre différents virus), ce qui leur confère un potentiel zoonotique.

Le potentiel zoonotique des différentes souches de VIA est estimé au niveau mondial, généralement faible il peut dans certains cas augmenter à la faveur de mutations et réassortiments et atteindre des potentiels pandémiques (e.g. grippe espagnole 1918-1919, pandémie 2006 H5N1). Ces pourquoi l’OMS surveille en permanence les virus influenza circulants (y compris dans la faune sauvage) pour anticiper et prévenir une potentielle épidémie ou pandémie liées à un VIA.

Activités agricoles et cynégétiques

L’IA est une maladie réglementée au niveau Français et Européen (loi santé animale). La réglementation entraine l’abattage préventif de tout cheptel contaminé et le dépistage avec potentiel abattage pour tous les élevages d’une zone infectée, et ce en vue de stopper la propagation et de conserver la possibilité de réaliser des exports internationaux de volailles et sous-produits.

En cas de détection d’IA dans une zone, un arrêté préfectoral met en place des mesures de limitation des mouvements d’oiseaux domestiques. Des restrictions à l’usage des appelants de chasse au gibier d’eau et pour le relâcher de gibier à plumes sont également mises en place. Ces mesures préfectorales s’accompagnent de limitation voire d’interdiction temporaire de la chasse pour certaines espèces. Ces différentes restrictions visent à limiter la circulation des oiseaux et la dispersion des VIA qui irait de pair.

Santé et conservation des populations d’oiseaux sauvages

Les populations sauvages sont au carrefour des enjeux, les oiseaux migrateurs représentant un risque d’introduction pour les élevages, une réserve de virus qui pourraient finir par contaminer des humains, et des populations parfois très fragiles impactées par des mortalités importantes.

Les mammifères peuvent être infectés par les VIA, mais sont souvent peu sensibles (de développer une maladie), sauf à certains génotypes viraux, et sont généralement des culs-de-sac épidémiologiques et ne retransmettent pas le virus. De plus plusieurs espèces d’oiseaux sauvages présentes en France, qui sont peu sensibles à la maladie, peuvent dans certains cas servir de transporteur du virus sur de longues distances (migrations) ou servir de réservoir dans une zone.

Plusieurs espèces d’oiseaux sont par contre très sensibles à l’IA hautement pathogène (et cela varie en fonction des génotypes viraux), avec parfois des mortalités très importantes (Grues cendrées en Israël en 2021, Sternes Caugek au Royaume-Uni en 2022, Fous de Bassan et goélands en France en 2022, Mouettes rieuses en France et dans les pays voisins en 2023, …). Ces mortalités sont parfois des menaces à la conservation des espèces ou des populations (e.g. vautours Fauves en France en mai 2022). Toutefois, la mort n’est pas la seule issue pour les oiseaux infectés, et un certain nombre d’entre eux guérissent et développent une immunité (bien qu’encore mal connue). Il est donc important d’avoir des mesures de gestion bien ciblées afin de limiter la propagation et la diffusion du virus sans ajouter un poids trop important à l’impact létal de l’influenza aviaire par des mesures d’abattage systématiques des oiseaux sauvages.

Les premières mesures de vaccination devraient être mises en place dans les premières catégories d’élevages avicoles à partir de septembre 2023.

Jusque-là seuls les oiseaux des parcs zoologiques pouvaient avoir accès à un vaccin.

L’influenza aviaire en France

Le territoire français métropolitain (et ponctuellement ultramarin) est souvent confronté à des menaces d’influenza aviaire hautement pathogène, soit sur les animaux domestiques, soit sur les oiseaux sauvages.

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Situation en 2020

En 2020, sur les presque 500 oiseaux sauvages collectés par le réseau SAGIR pour analyse IA, très peu ce sont révélés positifs à l’IA hautement pathogène en France métropolitaine. Il s’agissait dans ces cas là essentiellement de mortalités isolées d’anatidés.

Situation en 2021

En 2021, presque 900 oiseaux sauvages ont été analysés pour IA hautement pathogène, avec peu de cas positifs à l’exception du cluster de cas ayant atteint les bécasseaux du Mont Saint-Michel et de l’épisode de moralité massive des cygnes du Grand-Est en fin d’année. Également un cluster de cas dans la Dombes a été observé.

Situation en 2022

Alors que les autres années, on observait un ralentissement des contaminations à l’été, il n’y a pas eu de trêve estivale en 2022 (3150 oiseaux analysés).

De plus, l’épisode 2022, a également touché l’ensemble des continents et des phénomènes de « clusters » ont été constatés. La maladie semble s’être déclarée en pleine couvaison, alors que les poussins sont vulnérables et très contaminateurs et les fortes chaleurs ont pu affaiblir encore plus les systèmes immunitaires des oiseaux.

Cette situation a entrainé des mortalités groupées et massives dans les populations sauvages avec des milliers voire de dizaines de milliers d’oiseaux marins, ainsi qu’une augmentation des cas chez les mammifères.

Que faire si je trouve un oiseau mort ou malade en période de circulation d’influenza aviaire ?

Si vous observez une mortalité d’oiseaux sauvages, particulièrement en période de circulation d’influenza aviaire :

  • Ce que vous pouvez/devez faire :
    • Pour les cadavres, prendre contact avec le service départemental ou la fédération des chasseurs de votre département pour leur signaler votre observation (idéalement avec une photo et les coordonnées GPS) – l’interlocuteur SAGIR pour alors vous renseigner sur l’utilité ou non de collecter ce(s) cadavre(s) pour analyse.
    • Pour les animaux malades dans des lieux à risque (zone très urbaine par exemple), informer un centre de soin de la faune sauvage et éventuellement la mairie.
  • Ce que vous ne devez pas faire :
    • Toucher ou ramasser l’animal
    • Transporter l’animal vers un centre de soin sans accord préalable

Pour rappel, la maladie et la mort font partie de l’écosystème, et les cadavres sont indispensables à de nombreuses espèces. L’élimination des cadavres n’est pas systématique (surtout en dehors des zones urbaines).

Quel suivi épidémiologique chez la faune sauvage en France ?

La surveillance de l’influenza aviaire (IA) sur la faune sauvage est déléguée par le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire à l’OFB, et s’appuie sur le réseau SAGIR, réseau tripartite entre l’OFB, les fédérations des chasseurs et les laboratoires vétérinaires ; et sur les partenaires du réseau.

Les protocoles de surveillance font l’objet d’une validation et si nécessaire d’une actualisation au sein de groupe multi-institutionnels regroupant les différents acteurs de la surveillance et la gestion de cette maladie. Le niveau de surveillance s’adapte au niveau de risque réglementaire IA en vigueur (faible, modéré ou élevé, voir l'arrêté du 16 mars 2016).

La surveillance repose essentiellement sur une surveillance événementielle, qui consiste à collecter les oiseaux sauvages trouvés morts, afin de les faire analyser en laboratoires.
Les espèces présentant le plus grand intérêt épidémiologique sont les anatidés, les laridés, les rallidés, les échassiers et les rapaces. Une attention particulière étant aussi porté sur les sulidés (Fous de Bassan depuis 2022).

Agent de l’OFB participant aux investigations lors de l’épisode massif de mortalités d’oiseaux dans la baie du Mont Saint Michel (fév 2021). Crédit photo : Philippe Pacouil / OFB