Saumons, anguilles, esturgeons, lamproies, aloses, cabots bouche ronde, ouassous… les espèces migratrices amphihalines sont confrontés à de multiple danger durant leur cycle de vie. L’Office français de la biodiversité veille à la bonne préservation de ces espèces.
Contrairement à la majorité des espèces vivant en eau douce, les espèces migratrices amphihalines effectuent une partie de leur cycle de vie en mer, et une partie en rivière.
Ces migrations plus ou moins longues se font toujours pour les mêmes raisons : les zones de reproduction et les milieux de croissance ne se trouvent pas dans les mêmes eaux.
Par exemple, le saumon ou la truite se reproduisent dans les cours d’eau et partent à la mer pour y grandir, leur cycle est dit anadrome.
Les anguilles opèrent le schéma inverse, les civelles (alevins de l’anguille) naissent en mer et finissent leur croissance en eau douce, leur cycle est alors dit catadrome.
Dans les départements d’outre-mer, beaucoup d’espèces sont dites amphidrome, c’est-à-dire qu’elles se reproduisent en rivière, puis les larves migrent vers la mer où elles séjournent quelques semaines, pour ensuite revenir en rivière, toujours à l’état de larve, pour la croissance et la maturation.
Autrefois abondantes, les populations des espèces migratrices amphihalines sont aujourd’hui menacées. Depuis plusieurs décennies, elles subissent en effet un fort déclin et figurent sur la liste rouge en France métropolitaine de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) en tant qu’espèce « vulnérable », « en danger », ou, pour la grande alose, l’anguille européenne et l’esturgeon européen « en danger critique d’extinction ». Le saumon atlantique est lui considéré comme « quasi-menacé ».
En cause, les pressions que ces populations subissent et qui entravent le déroulement de leur cycle de vie :
Évolution de l’aire de répartition du saumon atlantique en France
Fin du XVIIIème siècle
Aujourd'hui
Les films qui suivent ont été réalisés grâce à un financement de l'Union européenne dans le cadre de l’année internationale du saumon
L'Office français de la biodiversité compte trois unités spécialisées migrateurs (USM) en métropole : USM Loire Bretagne ; USM Adour Garonne ; USM Normandie Hauts de France. Après avoir identifié les enjeux et les objectifs régionaux, les USM sont chargées de planifier et d’organiser les opérations de contrôle sur leurs territoires respectifs pour lutter contre le braconnage et les circuits illicites de commercialisation des poissons migrateurs.
Chaque année, l’OFB, l’INRAE et les fédérations de pêche mettent en place des opérations de pêche électrique afin d’évaluer l’abondance des jeunes saumons, appelés tacons.
De mi-novembre à fin décembre, les agents réalisent également chaque semaine un suivi des frayères en notant les dates d’arrivée des saumons, les positions précises des frayères, leurs dimensions ainsi que le comportement des poissons reproducteurs.
Au mois de décembre des opérations de piégeages partiels de géniteurs de saumon ont lieu durant la nuit sur des individus marqués quelques mois à quelques mois ou années plus tôt afin d’estimer le nombre de géniteurs, la croissance et le taux de survie des poissons.
Pour comprendre la migration du saumon et mesurer les impacts du changement climatique sur l'espèce, une nouvelle étude a également été mise en place. Les agents de l'OFB et de l'INRAE effectuent des captures et un suivi télémétrique des saumons adultes venant tout juste de l'océan pour remonter la rivière.
Pour reconstituer le stock de certaines populations, il est parfois nécessaire de réduire la pêche. Des mesures efficaces de gestion de la pêche ont été mises en place pour contrôler les pêches professionnelles et de loisirs ainsi que pour lutter contre le braconnage :
Plus de la moitié des agents de l’OFB ont des pouvoirs de police et peuvent intervenir en qualité d’inspecteur de l’environnement. Ainsi, des équipes réalisent des contrôles réguliers auprès des pêcheurs, dont l’objectif est de dissuader et faire changer les comportements illicites.
Une étude sur l'évaluation de la capacité de la forme des otolithes de saumon atlantique à discriminer l'origine des poissons à différentes échelles spatiales de la Bidassoa au Rhin a été réalisée.
> Consultez le rapport
Issu d’une convention de coopération entre l'OFB et trois instituts de recherche publics et d’enseignement (INRAE, Institut Agro, Université de Pau et des Pays de l’Adour), le Pôle Migrateurs Amphihalins regroupe une part significative des équipes françaises travaillant actuellement sur les espèces amphihalines. Le pôle mobilise des moyens humains et financiers de ces 4 établissements.
> Consultez les publications de ce pôle
Dans le cadre du Congrès mondial de la nature qui s'est tenu à Marseille du 3 au 11 novembre, l’OFB a souhaité attirer un large public à travers plusieurs vidéos humoristiques afin de le sensibiliser à l’impact de notre consommation sur la faune sauvage, ici le saumon atlantique.
Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ont confié à l'Office français de la biodiversité l’élaboration d'un Plan National en faveur des Migrateurs Amphihalins (PNMA).
L’objectif est de donner une vision globale de l’état de conservation et des pratiques de gestion de l’ensemble de ces espèces en tirant le meilleur parti des dispositifs existants de conservation (PNA esturgeon), de planification (SDAGE et documents stratégiques de façade) et de gestion (Plagepomi, plans de gestion anguille et plan d’action saumon). Ceci afin de favoriser leur synergie et mettre en place des actions complémentaires, en s’appuyant sur le lien biodiversité-milieux d’eau douce-milieux marins qu’elles illustrent.
L’élaboration de ce plan s’inscrit dans une approche de co-construction avec les administrations concernées et les parties prenantes.
Le projet de PNMA a été approuvé en décembre 2021 par le Comité de Pilotage (COPIL), sous l’autorité de la Direction de l’eau et de la biodiversité du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et de la Direction de la pêche maritimes et de l'aquaculture du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Le COPIL a été mis en place en début d’année 2021. Il est composé des représentants de l’État, des collectivités, de l’hydroélectricité, de la pêche, de la recherche, des associations (ONG, associations migrateurs…), des agences de l’eau et des usagers…
Dans le cadre de l’année internationale du saumon, l’élaboration du plan a bénéficié d’un financement FEAMP par le biais de la North Atlantic Salmon Conservation Organization (NASCO). Ainsi, Il a été transmis à la NASCO mi-février 2022. Le plan est prévu pour une durée de 10 ans en relation avec la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) 2021-2031. Le bilan à mi-parcours du PNMA permettra d’être force de proposition pour l’écriture des nouveaux Plagepomi, SDAGE et Documents stratégiques de façades (DSF).
Les actions du projet de PNMA sont réparties au sein de 6 thèmes :
L’année 2022 permettra de décliner les actions retenues d’une façon opérationnelles, de procéder à une estimation des coûts de mise en œuvre et d’identifier les partenaires financiers.
L’Office français de la biodiversité s'investit dans les projets européens en faveur de la préservation des poissons migrateurs
Le projet DiadES (Diadromous fish and Ecosystem Services / Services écosystémiques et poissons migrateurs amphihalins face au changement climatique ; Interreg Espace Atlantique) vise à améliorer la coopération transnationale afin de mieux protéger ces espèces. Doté d'un budget de 2,2 millions d'euros, ce programme qui réunit 30 partenaires français, anglais, irlandais, espagnol et portugais, sera mis en oeuvre jusqu'en 2022.
Le projet SAMARCH (Salmonid Management round the Channel / Gestion des Salmonidés de la Manche ; Interreg Manche) a pour but d'apporter de nouvelles preuves scientifiques applicables à la gestion des salmonidés des deux côtés de la Manche. Cette initiative prévue jusqu'en 2022, réunit 10 partenaires français et anglais et dispose d'un budget de 7,8 millions d'euros.
Le projet SUDOANG (Interreg SUDOE) doit fournir aux gestionnaires des outils et des méthodes communes contribuant à la conservation de l’anguille européenne et de son habitat dans la région SUDOE. Ce projet rassemble 9 partenaires français, espagnol et portugais jusqu’en 2021 pour un budget de 1,6 millions d’euros.
L’année internationale du saumon
2019 a été le lancement de l'année internationale du saumon qui a pour but de rassembler l’ensemble des partenaires impliqués dans la gestion des milieux aquatiques pour mettre en commun et développer les connaissances sur cette espèce mais également de sensibiliser l'ensemble de la société à la conservation et la restauration des saumons et de leurs habitats.
Les activités de sensibilisation et de recherche se poursuivent jusqu'en 2022.