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Hauts-de-France

Retour sur la Rencontre régionale Nature et Climat en Hauts-de-France

Réseaux régionaux ARTISAN
Sensibilisation et communication

 

« Adapter nos territoires n’est plus une option, faisons-le avec la nature ! » : tel était le thème de la Rencontre Nature et Climat qui s’est tenue à Beauvais le 28 juin 2022. Pour cette première édition régionale, l’Office français de la Biodiversité (OFB) et le Centre Ressource Développement Durable (CERDD) se sont associés pour ouvrir un lieu de discussion et d’inspiration sur les solutions d’adaptation fondées sur la nature. 

 

Elus et techniciens de collectivités, entreprises, services de l’Etat, associations : plus de 120 personnes étaient présentes ce 28 juin dernier pour appréhender l’impact du changement climatique et l’érosion de la biodiversité régionale et échanger, présenter et s’inspirer de projets de solutions fondées sur la nature portés par des acteurs locaux et permettant une meilleure résilience territoriale en Hauts-de-France. Cette journée multi-partenariale a mobilisé 48 animateurs et intervenants pour explorer les freins et les leviers à la mise en œuvre de projets de SAFN, en tenant compte des spécificités territoriales.

 

Biodiversité et climat : des regards croisés le temps d’une journée

Après avoir rappelé la dépendance vitale de l’Homme à la biodiversité et à ses services rendus, Lou Dengreville, cheffe de service de l’Observatoire de la biodiversité Hauts-de-France, et Yves Piquot, maître conférences et chercheur CNRS à l’Université de Lille, ont pu dresser un état des lieux de la biodiversité régionale et de l’impact du changement climatique au regard des connaissances actuelles. Dans un contexte de 6e extinction de masse et de dépassement de la majorité des limites planétaires, la biodiversité régionale n’est pas épargnée par la pression des activités humaines passées et présentes (2e région la plus artificialisée de France, région particulièrement fragmentée…), et est impactée par le changement climatique, phénomène global qui présente pourtant les mêmes origines. Le lien entre crise climatique, de la biodiversité et santé publique a également été présenté.

A l’ouverture de la journée, Emmanuelle Bertin avait fait clignoté l’importance d’aller vers de nouveaux récits, porteurs d’espoirs et « moins mortifères » : Yves Piquot  a souligné toutefois le potentiel écologique remarquable des écosystèmes des Hauts-de-France et la nécessité de les préserver et les restaurer : de ce fait,  les solutions d’adaptation fondées sur la nature (SAFN), présentées par Nicolas Rodrigues du Comité français de l’UICN, pourraient être porteuses de nouveaux récits pour l’adaptation et notre relation avec le vivant.     

 

Les maires, en première ligne dans l’action

L’action des maires a été mise en avant lors d’une table ronde en plénière avec Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de l’ANCT, Pierre Chavonnet, maire de Gerberoy et Kaddour-Jean Derrar, ancien maire de Condette. Tous les trois ont témoigné de leur engagement et des dispositifs qu’ils avaient pu mettre en place en faveur de l’adaptation au changement climatique lors de leurs mandats : « réserve patrimoniale habitée », plan d’adaptation au changement climatique d’une toute petite commune, outils de cohésion des territoires (Cœur de Ville, Petites Villes de Demain, CRTE…). « Des maires pensent impossibles des choses que d’autres ont réalisé » a martelé Ulysse Blau, ingénieur en bioressources et fondateur de la Route des communes, et pourtant ce sont bien eux qui ont bon nombre de compétences et du pouvoir politique pour concrétiser sur le terrain des actions favorables à la biodiversité et à l’adaptation au changement climatique. 

 

L’humain, une condition sine qua none à la réussite des projets

Alors, sans surprise et quel que soit le milieu où est mis en œuvre un projet de SAFN, le facteur humain est un prérequis : tel est l’enseignement commun des restitutions des ateliers 6, 7, 8 et 9 qui exploraient des projets de SAFN en ville, en forêts et boisements, en territoires ruraux et sur le littoral.  En ville comme sur la question des boisements, les notions de pédagogie, de mobilisation des élus et de transversalité interservices sont ressorties comme des prérequis à la mise en œuvre de projets SAFN. Sur les territoires ruraux, la difficulté à visibiliser les problématiques rejoint l’importance de faire de la pédagogie, étape essentielle pour une appropriation des enjeux et un passage à l’action par les acteurs locaux. Enfin, sur la question de l’eau comme du littoral, avoir une gouvernance globale à une échelle hydraulique et hydro sédimentaire cohérente est nécessaire, et peut avoir plusieurs implications : avoir la maîtrise foncière, accepter que l’eau puisse rentrer et modifier le paysage … d’où l’importance de connaître la perception des usagers de ces sites par la concertation. Emmanuelle Latouche, cheffe du service connaissance à la Direction régionale de l’OFB et grand témoin de la journée, a souligné à ce sujet l’importance de rester dans une posture positive pour mobiliser autour de projets ambitieux et fédérateurs, même si ce n’est pas toujours facile.

 

Les conclusions des ateliers 1, 3 et 10, qui portaient sur l’accompagnement, la coopération et l’engagement des entreprises dans des projets de SAFN, apportent d’autres clefs pour fédérer autour de ces projets. La 1ère est de reconnaître et écouter le besoin sociétal de participer aux transitions écologiques et l’accompagner au travers de la formation : les sciences participatives ne cessent de démontrer la valeur et la pertinence de l’expertise de chacun dès lors qu’il est guidé. De plus, inclure les enfants et la jeunesse peut-être un moyen de renforcer la légitimité des projets auprès des citoyens. Ecouter, aussi, les besoins du territoire pour apporter des réponses adaptées et frugales. Mais, pour réussir le pari de la coopération, dans les territoires ou au sein des entreprises, les moyens humains et l’accompagnement sont nécessaires : investir dans l’animation territoriale est donc nécessaire et souvent gage d’acceptabilité sociale et de durabilité du projet.    

 

Du côté des contraintes techniques, l’importance du facteur humain et de la conduite du changement ressortent encore, tant dans les démarches de planification territoriale que sur la question foncière. Tous deux doivent se mettre au service d’un aménagement du territoire conçu avec une vision globale et intégrée, à toute les échelles. La pédagogie, l’acculturation et la concertation reviennent sur le devant de la scène, tant dans la conception de nouveaux documents de planification que dans la gestion du foncier. Enfin, le terme de « sobriété » ressort : sobriété foncière, sobriété aussi dans les coûts investis dans les projets : « on a tout monétarisé et on s’est éloigné des fondamentaux » a souligné Matthieu Delabie, à la Direction des Acteurs et des Citoyens de l’OFB, en guise de conclusion.

 

« Je sens arriver des tensions entre le monde du climat et celui de la biodiversité. » Emmanuelle Latouche

 

La journée s’est clôturée avec le regard d’Emmanuelle Latouche, cheffe de service connaissance à la Direction régionale Hauts-de-France de l’OFB. Agir en transversalité, « mouiller la chemise » avec des vrais courages politiques, coopérer à toutes les échelles et surtout créer « des territoires qui font rêver » : voilà un regard pour l’avenir qui fait du bien. C’est d’ailleurs tout le cœur du projet Life ARTISAN et de la mission des animatrices et animateurs régionaux, de renforcer les synergies entre le monde de la biodiversité et du climat pour des politiques publiques plus cohérentes et efficaces face aux enjeux de notre siècle. Mobilisation des financements, sensibilisation, formation, communication et accompagnement des collectivités constituent ainsi leurs priorités d’action.

 

Pour plus d’informations à ce sujet : Marie Gros, animatrice régionale SAFN – marie.gros@ofb.gouv.fr