Les herbiers marins assurent de multiples services écologiques, bénéfiques à la biodiversité marine mais également aux populations humaines. Présents partout dans le monde, ils sont en forte régression depuis plusieurs décennies. L'Office français de la biodiversité participe à la mise en œuvre des politiques publiques en vue de lutter contre la dégradation de cet habitat côtier à fort enjeu.
Les herbiers marins sont des regroupements de plantes à fleurs (et non d'algues) appartenant à l'une des quatre familles suivantes : Zosteraceae, Posidoniaceae, Cymodoceaceae et Hydrocharitaceae. Ils peuvent former de véritables prairies sous-marines. Ils sont implantés à faible profondeur où la lumière est suffisante pour que la photosynthèse se produise. L’ensemble de leur cycle vital s’effectue sous l’eau y compris la pollinisation.
Alors qu’en superficie les herbiers n’occupent que 0,15% des fonds marins, leur importance écologique est considérable. Les espèces de phanérogames qui constituent les herbiers sont souvent qualifiés d’ingénieurs d’écosystème car leur présence et activité modifient significativement leur environnement, en développant cet habitat particulier : l’herbier.
Les herbiers marins représentent un potentiel de séquestration de carbone considérable et peuvent jouer un rôle majeur dans la régulation du climat. Aussi, une attention croissante est donnée à ces écosystèmes marins et à leurs possibilités afin de préserver ces puits de carbone efficaces, voire d’amplifier ce potentiel de séquestration.
Les herbiers marins poussent sur la plupart des côtes de notre planète, hormis l’Antarctique, en environnement salin.
Les différentes études et analyses éco-régionales conduites par l’Agence des aires marines protégées, puis par l’OFB, ont montré l’importance de ces plantes et leur large répartition à l’échelle des côtes françaises. Que ce soit en métropole ou dans les Outre-mer, l’instauration d’aires marines protégées contribue à la gestion et la préservation des prairies sous-marines.
Deux espèces, la zostère naine et la zostère marine colonisent les côtes françaises, notamment de la Manche et de l’Atlantique. Ces herbiers sont de véritables « hot spots » de biodiversité.
En Bretagne, le nombre d’espèces animales présentes dans un herbier dépasse les 500 espèces (source : Fiche de synthèse habitat – herbiers de Zostères (2010). Ifremer) : seiches, poissons, crustacés, hippocampes viennent s’y abriter et s’alimenter.
Pour aller plus loin
La posidonie Posidonia oceanica, plante endémique de Méditerranée, occupe entre 20 et 50% des fonds côtiers à des profondeurs comprises entre 0 et 50 mètres. Les herbiers à posidonies accueilleraient plus de 20% de la biodiversité méditerranéenne, ce qui fait de cette espèce un objectif majeur de protection et de gestion du milieu marin méditerranéen. (Source : Sartoretto Stephane, Baucour Colombe (2012). Habitats particuliers de l’infralittoral : herbier à Posidonia oceanica. Sous-région marine Méditerranée occidentale. Evaluation initiale DCSMM. MEDDE, AAMP, Ifremer , Ref. DCSMM/EI/EE/MO/23/2012 , 13p. https://archimer.ifremer.fr/doc/00331/44204/).
Protégés par les conventions de Berne (annexe 1) et de Barcelone (Annexe 2), les herbiers de posidonies ont été identifiés comme Habitat prioritaire au titre de Directive européenne de 1992 « Habitat, faune, flore ». En France, la posidonie est protégée par un arrêté ministériel du 19 juillet 1988 (liste des espèces végétales marines protégées).
Coordonné par l'Office français de la biodiversité (OFB) avec 11 autres partenaires, le projet Life intégré Marha s’inscrit dans le cadre de la Directive européenne Habitats-Faune-Flore. Il a pour objectif d’atteindre et de maintenir le bon état de conservation des habitats naturels marins, dont les herbiers, en mobilisant l’ensemble des acteurs de 162 sites Natura 2000 en mer et en lagunes méditerranéennes.
La présence des herbiers à de faibles profondeurs les rend particulièrement sensibles et fragiles, face aux activités humaines, telles que la pêche, les activités de plaisance et de loisirs nautiques. Entre 1970 et l’an 2000, les herbiers marins ont perdu plus de 10% par décennie de leur étendue, d’après le rapport IPBES 2019 sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques.
Le mouillage des navires génère des impacts particulièrement forts sur ces fonds marins : dégradation, arrachage, destruction, …
La Méditerranée, et la côte d’Azur en particulier, sont reconnues pour la qualité de leurs paysages et de leur environnement. L’été, de nombreux navires de grande plaisance viennent y naviguer. Cette activité (navires de plus de 24m) est principalement centrée sur un secteur allant de la frontière italienne à la région de Saint-Tropez. Ces navires naviguent et mouillent, pour des durées de quelques heures à plusieurs jours, dans des zones abritées du littoral.
Appliquer les bonnes pratiques en matière de mouillage, comme celle de ne pas mouiller dans les herbiers, et de préférer les zones sableuses, permet de préserver ces habitats marins.
L’Office français pour la biodiversité intervient à différents niveaux en vue de préserver les herbiers marins.
Pour mener à bien ces différentes actions, l'OFB s'appuie sur différents dispositifs. Il peut être amené à prendre en charge directement les actions, via ses équipes, à sous-traiter via des bureaux d'études, à contractualiser des partenariats, etc. Il lance également des appels à projets et appels à manifestation d’intérêt pour mettre en place des études, des mesures de gestion, des actions de sensibilisation en faveurs des herbiers marins.
Depuis 2017, l’OFB pilote le projet Life intégré Marha, qui appuie et mobilise les acteurs Natura 2000 en vue de rétablir et maintenir le bon état de conservation des habitats naturels marins, dont les herbiers.
Le programme « Éconaviguer dans une aire marine protégée » porté par l’OFB et le réseau EcoNav accompagne les projets territoriaux expérimentaux pour faire évoluer les consciences et développer une navigation plus éco-responsable.
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