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Cartographier les migrations des ongulés pour mieux les protéger : vers le tout premier atlas mondial

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INRAE, le CNRS et l’OFB participent au lancement de l'Initiative mondiale sur la migration des ongulés (GIUM), en partenariat avec la Convention des Nations Unies sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS). Composée d’une équipe internationale de 92 scientifiques et gestionnaires de la faune sauvage et de ses habitats, cette initiative a l’ambition d’élaborer le premier atlas mondial des migrations d’ongulés sauvages. Les objectifs de ce projet sont présentés dans un article paru le 7 mai 2021 dans la revue Science : des leviers pour mieux comprendre les migrations afin de mieux préserver les ongulés sauvages et les socio-écosystèmes qui dépendent de leur présence.

L’Initiative globale pour la migration des ongulés (GIUM) est rendue possible grâce à l’essor des dernières technologies de suivi GPS des animaux, des logiciels de cartographie et des plateformes de partage de données. Ces outils, combinés aux connaissances locales et indigènes, permettent de décrire et cartographier les migrations d’ongulés actuelles et futures. Le projet implique également un effort de documentation des connaissances locales et historiques pour cartographier les migrations perdues. Les données obtenues seront régulièrement mises à jour sur le site du GIUM hébergé par la CMS.

Une dynamique perturbée par l’Homme et le changement climatique

Les ongulés migrateurs sont un élément essentiel des écosystèmes naturels : ils fournissent une grande portion des proies des carnivores, contribuent aux économies locales et régionales via l’exploitation de leurs populations et le tourisme, et font partie intégrante de la culture de nombreuses communautés. Les ongulés dépendent de leur migration pour échapper à des conditions difficiles, se nourrir, se reproduire, et se reposer. Aujourd’hui, nombre de ces migrations sont en fort déclin en raison du développement d’infrastructures humaines telles que les routes, les clôtures ou les voies ferrées.

Dans certains cas, les migrations ont été perdues avant même d'avoir été documentées, soulignant l'ampleur du défi de conservation. Par ailleurs les modifications de la répartition de l'eau, la neige, la glace et de la phénologie de la végétation, apportées par le changement climatique, compliquent davantage la façon dont les troupeaux planifient et effectuent leurs migrations saisonnières.

Des cartes en appui aux politiques de conservation

Ces cartes détaillées des couloirs de migration aideront à identifier les menaces qui pèsent sur ces espèces animales, et à proposer des mesures de préservation ou de conservation adaptées. L’atlas sera donc destiné aux gouvernements, aux populations et communautés locales, ainsi qu’aux gestionnaires de la faune sauvage. En s’appuyant sur ces données, les décideurs pourront déterminer le long des routes migratoires les zones de conservation prioritaires et les actions à y entreprendre. Pour atténuer ou éliminer les effets barrières des infrastructures existantes et les rendre plus respectueuses de la vie sauvage, ces actions peuvent se traduire par l’extension d’aires protégées ou l’installation de structures de franchissement des routes.

La CMS souligne l’importance à donner à la connectivité écologique, y compris les migrations animales. Les scientifiques français d’INRAE, du CNRS et de l’OFB contribuent à cette initiative en étudiant le comportement spatial des ongulés dans des paysages hétérogènes soumis à des pressions anthropiques. Ce travail est indispensable pour développer des programmes de gestion ou de conservation des herbivores sauvages. Il contribue à la mise en place de la nouvelle stratégie mondiale des Nations Unies sur la biodiversité qui devrait être adoptée cette année.

Les ongulés sauvages sont des mammifères à sabots que l’on retrouve partout autour du globe. Les migrations des ongulés sont aussi diverses que les espèces elles-mêmes, qui comprennent par exemple les chevreuils et les cerfs élaphes d’Europe, les saïgas d’Asie, les caribous de la toundra, les cerfs mulets et les antilopes d’Amérique du Nord, les guanacos d’Amérique du Sud, les éléphants, les zèbres, et les gnous d’Afrique.

En France métropolitaine, des espèces comme les bouquetins, chamois, isards, mouflons, les chevreuils et les cerfs effectuent des déplacements dans des couloirs de migration. Il est encore nécessaire de mieux les documenter afin de pouvoir les prendre en compte dans l’aménagement du territoire.