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Les bienfaits de la nature sur la santé

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Qu’avons-nous appris de la pandémie ? En quoi une biodiversité en bonne santé est-elle bonne pour notre santé ? Comment prévenir l’émergence de nouvelles pandémies ? La table ronde dédiée à la thématique « Prendre soin de notre santé » a réuni plusieurs spécialistes venus échanger sur les liens entre santé et biodiversité.

Crise de solastalgie ou éco-anxiété, manque de nature... plusieurs études montrent que le lien avec la nature a un effet positif sur l’être humain. Se balader en forêt, flâner dans un champ ou juste être assis dans un parc sont des actes du quotidien qui ont un impact sur notre bien être mais aussi sur notre santé en général. C’est pour cela que l’Homme doit cohabiter avec la nature et respecter les écosystèmes qui la compose.

L'Arnica dans les Hautes Vosges

Dans le Markstein en Alsace, le ramassage de fleurs d’arnica est réglementé, à la fois pour préserver la plante et permettre aux professionnels de pratiquer leur activité au sein du Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Cette zone est classée Natura 2000. L’arnica est un des indicateurs de bon état de conservation d’un type de milieu naturel.

La preuve par la science 

Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité a présenté les conclusions de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), équivalent du GIEC pour les questions de biodiversité. Elle aborde, chiffres à l’appui, que la perte de biodiversité met l’humanité face à des situations sanitaires complexes :

  • l’augmentation des épidémies métaboliques,
  • l’aggravation des événements climatiques extrêmes,
  • les milieux où évolue l’Homme qui favorisent les animaux porteurs de maladies transmissibles à l’être humain,
  • la disparition des zones humides qui affaiblit la capacité de dépollution des eaux…

Serge Morand, directeur de recherche au CNRS est lui intervenu en duplex de la Thaïlande. L’écologue a évoqué l’augmentation du nombre d’épidémies et la fragilité des systèmes, indiquant que de nombreux indicateurs étaient en place pour prévenir qu’on allait vers une nouvelle pandémie. « L’écologie enseigne que c’est complexe et multifactoriel. Finalement il faut travailler sur les facteurs de risque : quelles sont nos vulnérabilités et nos expositions », déclare Serge Morand. Le lien entre un virus qui circule dans la faune sauvage et les êtres humains a été favorisé par la multiplication des animaux d’élevage et domestiques. « Un exemple frappant : aujourd’hui le nombre de poulets sur la planète est estimé à 30 milliards. Celui de tous les oiseaux sauvages sur la planète est estimé à 40 milliards, explique-t-il, il faut retransformer notre économie, travailler sur le global et remettre la ferme et l’élevage au cœur de nos territoires ».

Observer la faune sauvage

Plusieurs maladies observées dans la faune sauvage ont touché l’être humain dans les dernières décennies. A quoi est due cette transmission ? « Les bouquetins dans les Alpes ont contaminé des troupeaux de vaches avec la brucellose. Dans ces cas-là, il faut abattre le troupeau. En montagne, les bouquetins cohabitent avec les vaches » explique Anne Van de Wiele, vétérinaire et conseillère sanitaire de l’OFB.

Pour le blaireau même constat sur la circulation de la tuberculose : « Cela fait 70 ans que l’on travaille sur cette maladie. Si le blaireau est infecté, il contamine les troupeaux de vaches comme cela a été observé en Angleterre ».

Il faut traiter le problème de manière globale, pour traiter aussi les terriers qui sont eux aussi contaminés. Nous avons donc besoin des écologues pour suivre les déplacements du blaireau et savoir où il vit. Si la solution pourrait être de bien séparer animaux domestiques et faune sauvage, Anne déclare qu’« il est compliqué d’enfermer des animaux d’élevage alors que nous avons conscience qu’il faut privilégier le bien-être animal et celui des agriculteurs ».

Bouquetin dans les Pyrénées. Crédit : Alexandre Garnier / OFB

Mieux se nourrir

Pour favoriser une bonne santé, le premier facteur sur lequel les Français peuvent agir c’est l’alimentation. « Consommer des produits fermentés comme la choucroute ou les yaourts favorisent les microbes présents naturellement dans le corps humain. Nos habitudes alimentaires ont un impact sur notre santé, et plus globalement sur nos modes de vie », témoigne le docteur Pierre Souvet, président de l'Association santé environnement France (Safe).

La disposition « One health, une seule santé » est alors présentée par Benjamin Roche, chercheur à l’IRD (Institut de recherche et de développement). La communauté scientifique avait déjà alerté sur la possibilité d’une pandémie mondiale : « La multiplication des virus comme le zica, ebola ou la grippe H1N1 étaient autant d’indices que nous devions réagir », déclare Benjamin. Avec la crise de covid-19, plusieurs signes encourageants ont été observés, « Aujourd’hui, vétérinaires et médecins travaillent main dans la main, et les gouvernements ont compris que la réaction face à une infection comme le covid-19 est exponentielle. Il nous faut mener une véritable stratégie de prévention, en prenant en compte tous les facteurs que nous avons compilé », conclut le chercheur.