En Polynésie française, la propagation du miconia menace la biodiversité locale. Pour lutter contre cette espèce exotique envahissante, deux projets financés par l’OFB ont vu le jour.
Le miconia (Miconia calvescens) est un arbre de la famille des Mélastomatacées. Originaire d'Amérique centrale et du sud, il peut atteindre jusqu'à 16 mètres de haut avec des feuilles ovales pouvant mesurer de 20 à 80 cm de long sur 8 à 50 cm de large.
Introduit en 1937 dans un jardin privé en tant que plante ornementale, le miconia s'est ensuite rapidement dispersé. L'une des raisons de sa propagation est liée à ses fruits que les animaux frugivores (rats, oiseaux) ingèrent. Chaque baie contient plusieurs centaines de graines qui sont ensuite dispersées via les excréments des animaux.
Surnommé « cancer vert » à Tahiti, il est désormais présent sur plus de 70 % de l'île mais également à Moorea et dans les archipels des Îles-Sous-le-Vent (Raiatea, Tahaa) et des Marquises (Fatu Hiva, Nuku Hiva). Sa propagation est telle que le miconia fait partie de la liste des 100 espèces les plus envahissantes du monde établie par l'UICN.
La présence du miconia est un réel problème pour la biodiversité locale. Cet arbre tire profit de la végétation basse et peu dense des forêts polynésiennes, ainsi il peut atteindre facilement la canopée, ce qui lui permet de fleurir abondamment. Ses feuilles larges entraînent une réduction de la lumière disponible, empêchant alors la croissance des plantes indigènes de sous-bois et augmentant la compétition entre espèces végétales.
Au total, le miconia menace directement une centaine d'espèces végétales ou animales endémiques dont le Monarque de Tahiti et le Monarque de Fatu Hiva, deux espèces d’oiseaux en danger critique d’extinction, qui petit à petit perdent leur habitat.
Pour lutter contre la propagation de cette espèce exotique envahissante en Polynésie française, les associations Moorea Biodiversité et la Société d’Ornithologie de Polynésie Manu pilotent des projets de restauration et de réhabilitation de milieux.
Les deux associations ont ainsi mis en œuvre des campagnes d’éradication des pieds supérieurs à un mètre, d’arrachage des plantules, de traitement des souches aux herbicides et de replantation d’espèces locales sur plusieurs dizaines d’hectares.
En parallèle, elles mènent également des campagnes de sensibilisation auprès du grand public pour informer les habitants sur les impacts des espèces exotiques envahissantes et les bonnes pratiques pour éviter leur propagation.
Ces deux projets ont été financés par l’Office français de la biodiversité dans le cadre de l’appel à projets MobBiodiv’2020.