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Bretagne

Retour sur les échouages en mer d’Iroise

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Espaces naturels protégés

En septembre 2022, trois rorquals communs se sont échoués sur les côtes bretonnes. Le premier a été découvert le vendredi 2 septembre sur un ilot satellite de l’ile de Sein, le deuxième échouage a été constaté 8 jours plus tard sur la plage de la commune de Tréguennec et le troisième est survenu le lundi 19 septembre sur une plage de la baie de Douarnenez.
Cécile Gicquel, coordinatrice de projets patrimoine naturel et espaces protégés au Parc naturel marin d'Iroise revient sur ces échouages.

Pourquoi constate-t-on de plus en plus d'échouages dans le périmètre du Parc naturel marin d'Iroise ?

Actuellement, il est difficile d’estimer les raisons de ces échouages à répétition. En revanche, nous savons que les rorquals communs sont régulièrement observés dans tout le proche Atlantique, zone allant de l’Irlande au cap Finistère et qui comprend notamment le golfe de Gascogne. Sur cette zone, on estime leur nombre à environ 8 000 individus.
La saison estivale 2022 en Iroise a été le théâtre d’un nombre d’observations de rorquals communs nettement supérieur aux années précédentes.
Si plus de rorquals sont présents dans le Parc naturel marin d’Iroise, in fine, il y a plus de risques d’échouages.

De plus, plusieurs épisodes inhabituels de mortalité de rorquals ont été identifiés en 2004, 2006 et 2019. Ainsi, en 2019, le parc naturel marin d’Iroise était intervenu sur 4 échouages de rorquals communs et un échouage de petit rorqual. Sur les échouages de septembre, les premières analyses effectuées sur les rorquals ont mis en évidence des individus en fort état d’amaigrissement. Deux d’entre eux ont pu faire l’objet d’une recherche de grippe aviaire qui s’est avérée négative.

Quel est le rôle des agents du Parc lors d’un échouage de grand cétacé ?

Lorsqu’un grand cétacé est découvert échoué, c’est la Préfecture qui pilote les opérations. L’intervention directe des agents du Parc se fait en coordination avec le laboratoire PELAGIS de l’université de La Rochelle qui pilote le Réseau National d’échouage (RNE).

Les agents du Parc naturel marin d’Iroise, formés au titre du RNE, coordonnent et réalisent l’opération à visée d’étude de l’animal : identification de l’espèce, biométrie et examen externe, même quand la carcasse est fortement dégradée.  Lorsque l’état des animaux et les conditions de l’échouage le permettent, des prélèvements sont également effectués. A cette occasion, la découpe de l’animal est réalisée en vue de son évacuation vers l’équarrissage. L’équipe du parc s’appuie sur d’autres membres du réseau RNE : vétérinaires OFB et Labocea, bénévoles…
Les prélèvements réalisés sont stockés au Parc naturel marin puis transférés à la banque nationale de prélèvements située à la Rochelle. Ceux-ci sont mis à disposition des organismes de recherche après avis du comité de pilotage du RNE.

Les opérations de sauvetage de grands cétacés échoués vivants sont plus rares et correspondent à des situations souvent inédites qui sont gérés au cas par cas par les services de l’Etat.

Concernant les échouages de septembre, les pompiers avaient également été mobilisés ainsi que plusieurs bénévoles de l’association Sea Shepherd.

Quelles mesures sont mises en place pour essayer d’éviter les échouages de mammifères marins ?

Pour tenter d’éviter les échouages, il faut tout d’abord mieux comprendre la distribution et l’utilisation de l’Iroise par les mammifères marins. Cette connaissance est capitale pour la protection de ces espèces sensibles et rares, mais aussi pour identifier les zones fonctionnelles de l’Iroise susceptibles d’attirer et d’abriter ces espèces et d’y proposer des mesures de gestion adaptées.
Afin de mieux connaître cette fréquentation, un programme de 8 survols sur 2 années a débuté en 2020. Le Parc étudie également les enregistrements des sons émis par les delphinidés et les grands cétacésCdepuis mai 2022. Ce programme baptisé CETIROISE mis en œuvre avec l’ENSTA permet un suivi spatial et temporel de la présence des différentes espèces de cétacés grâce à des hydrophones déployés en mer. C’est une des premières fois qu’un observatoire acoustique de ce type est déployé en France métropolitaine !

Concernant les mammifères marins en général, de nombreux programmes portés par le parc visent à réduire les pressions (dérangement, captures accidentelles…) sur ces espèces : chartes pêcheurs et guides partenaires, missions de surveillance et police pour limiter l’approche des cétacés à 100 mètres…

Enfin, pour suivre les échouages, la formation des agents est également primordiale. Ainsi, 15 agents du Parc naturel marin d’Iroise sont formés et autorisés à réaliser les protocoles du Réseau National Echouages. Ils suivent également régulièrement des sessions d’actualisation des connaissances pour compléter leur formation. Leur expérience en matière de gestion des échouages de grands cétacés leur permet d’être rapidement opérationnels sur ces interventions.