Pour mieux connaître la mégafaune marine, des campagnes aériennes sont mises en œuvre dans plusieurs parcs naturels marins.
La mégafaune marine désigne les mammifères, oiseaux et poissons de grande taille qui évoluent dans les mers et les océans. En raison des difficultés pour les étudier dans leur milieu naturel, de nombreux aspects de leur biologie sont encore mal connus. Pour les protéger, il est donc primordial d’améliorer les connaissances mais également de mieux comprendre l’impact des activités humaines sur ces espèces.
Pour ce faire, l’Office français de la biodiversité réalise des campagnes de suivis aériens dans les eaux hexagonales et notamment dans les parcs naturels marins. Contrairement aux comptages par bateau qui peuvent stresser les animaux ou des techniques plus invasives comme le baguage ou la pose de balise, le survol est une méthode de suivi non impactante pour les espèces.
De manière générale, les données rassemblées et collectées sur la mégafaune marine doivent permettre de préciser :
Dans la plupart des campagnes du survols aériens, des données sont également récoltées sur les macro-déchets flottants, les oiseaux marins et les navires (plaisance, pêche professionnelle, transport maritime) présents.
Les résultats obtenus permettent de répondre aux objectifs des plans de gestion des parcs naturels marins, notamment concernant l'élaboration d'une stratégie de suivis à long terme des espèces de la mégafaune marine.
En amont de la campagne, une zone d’étude est délimitée selon sa représentativité et les habitats qu’elle abrite. Cette zone sera survolée en suivant un tracé défini à l’avance composé de lignes virtuelles appelées « transects » qui permettent de couvrir l’intégralité du périmètre.
Une fois la zone et les transects définis, les sessions de vols peuvent commencer. Pendant plusieurs heures, des scientifiques aguerris à l’identification d’espèces vues d’avions sillonnent des dizaines de kilomètres à 180 m d’altitude et à une vitesse maximale de 90 nœuds (environ 190 km/h). Parfois, les observations visuelles peuvent être complétées par un système d’acquisition d’images haute définition automatisé.
De retour au sol, une longue opération de tri et d'analyse des observations pour déterminer la diversité des espèces, leur répartition et leurs populations débute.
En fonction du nombre d’observations récoltées, ces analyses peuvent prendre de plusieurs semaines à plusieurs mois. Elles pourront également potentiellement alimenter des algorithmes de traitement automatique.
Dans le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, le programme MAMO (Etude de la Mégafaune marine par observation Aérienne en Manche Orientale) a débuté au printemps 2023. La campagne organisée avec l'observatoire PELAGIS se compose de 8 survols : un par saison, pendant deux ans.
Sur cette première session, 1 658 km ont été parcourus en 14,2 heures de vol. Les experts ont relevé 2 195 observations dont 810 concernent la mégafaune marine et 1 249 des déchets d’origine humaine.
En Iroise, 8 campagnes de survol ont été réalisées en 24 mois afin d’observer à distance la mégafaune. 6 espèces de mammifères marins ont été formellement identifiées, parmi lesquelles le marsouin commun (Phocoena phocoena), le dauphin de Risso (Grampus griseus) et le petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata). Les résultats confirment la présence du dauphin commun et le fait que le périmètre du Parc constitue une zone d’importance pour les petits
delphinidés, particulièrement en automne. 33 espèces d’oiseaux marins ont également été formellement identifiées, dont le guillemot de Troïl, le pingouin torda, le macareux moine, cinq espèces de puffins et le fulmar boréal.
Cette étude alimentera les réflexions en cours pour constituer le futur plan de gestion 2025-2040.
Pendant 3 ans, des campagnes de suivis aériens ont été menées, 4 fois par an, sur le périmètre du Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis dans le cadre du programme SPEE (Suivi de la mégafaune marine au large des Pertuis charentais, de l’Estuaire de la Gironde et de Rochebonne par observation aérienne). Ces informations, essentielles pour mieux connaître les espèces vivant dans le Parc ont permis d’étudier 15 000 km² et de collecter 1 million de photographies. Au total, plus de 26 000 observations concernant les oiseaux marins (puffins, laridés…) ont été recueillies, 1 400 sur les mammifères (dauphins, marsouins, requins…) et 4 500 sur les autres espèces (méduses…). Ces survols ont également permis de compiler des données sur les activités maritimes et les déchets flottants.
Des estimations d’effectifs d’espèces ou de groupes d’espèces ont ainsi pu être calculées ainsi que des secteurs de fréquentation préférentiels. Ces informations sont utilisées dans le cadre de différents projets comme par exemple le projet « d’analyse risque pêche ».