Depuis les reliefs ardéchois jusqu’aux marais de l’estuaire, la Loire traverse bien des paysages. Peu à peu, le ruisseau devient torrent, rivière, fleuve, estuaire, avant de se fondre dans l’océan. De façon simplifiée, on peut résumer ce voyage en trois étapes.
La Loire des monts et des gorges
La Loire des îles
Les basses vallées et l’estuaire
Des filets d’eau qui jaillissent de plusieurs sources au pied d’un volcan, le Gerbier de Jonc, se rassemblent pour former la Loire.
De là, la jeune rivière serpente à travers la région volcanique du Velay.
Elle creuse des gorges profondes entre lesquelles elle s’étale en plaines. La rivière prend rapidement de la vitesse et du débit.
La région de montagne que traverse la jeune Loire est restée sauvage, peu urbanisée et peu industrialisée.
Elle favorise une biodiversité remarquable.
Dès sa naissance, la Loire circule au milieu de mousses d’un vert éclatant et d’une végétation gorgée d’eau, illuminée par les fleurs de saxifrage étoilé, de populage et d’alchémille.
Elle alimente des tourbières, véritables réservoirs de biodiversité.
La Loire et ses affluents accueillent des espèces animales dépendantes de la bonne qualité de l’eau : truites, chabot, saumons (sur l’Allier), et même des moules perlières…
Du miel aux mille saveurs, des myrtilles, des champignons, de la viande à la saveur unique grâce à des prairies à forte diversité… La biodiversité qu’offrent les territoires traversés par la jeune Loire a toute sa place dans les assiettes. Reconnue pour la richesse de son patrimoine naturel, culturel, pour la variété de ses terroirs agricoles, une partie de la Loire des montagnes est intégrée au Parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Sans oublier bien sûr la beauté de ses paysages, support à un tourisme de nature ou tourisme rural.
A partir des barrages de Grangent près de Saint-Etienne et de Villerest, à Roanne, la Loire s’étale dans une vaste plaine. Là, elle exprime sa liberté et déroule de belles boucles (les méandres) en traversant la Bourgogne. A partir de sa rencontre avec l’Allier près de Nevers, elle devient un grand fleuve. C’est la Loire des châteaux, des îles, des immenses bancs de sable et des oiseaux.
La Loire change à chaque crue. Ici, elle creuse la berge. Là, elle dépose un banc de sable. Plus loin, elle abandonne l’un de ses bras… C’est ce qu’on appelle la « dynamique fluviale », un mécanisme qui explique la forte diversité écologique, car chaque lieu se distingue par la nature de son sol (graviers, sable, vase…), son alimentation en eau, son âge… ; les espèces animales et végétales sont différentes dans chaque unité de cette mosaïque.
Crédit photo : Jean-Louis Michelot / Ecosphère
Il s’en passe des choses, sous la surface de l’eau ! En amont du bec d’Allier, les renoncules aquatiques forment de petites « forêts subaquatiques », refuge de bien des animaux. Les larves de libellules y passent plusieurs années avant de devenir de gracieux insectes volants.
Pas moins de 60 espèces de poissons vivent le long de la Loire : des espèces d’eaux calmes (carpe, brème...), de courant (goujon, spirlin), des carnassiers (brochet, perche...), et des migrateurs, dont le fameux saumon atlantique.
Le val de Loire est parsemé de bancs de sable doré, formant des îles innombrables et changeantes. Ce paysage magnifique est aussi très vivant. De nombreux oiseaux s’y reposent, au cours de leur migration entre l’Afrique et l’Europe du Nord (petits échassiers, canards, hérons...). Les sternes et les gravelots viennent y déposer leurs œufs, protégés des prédateurs par le rempart de l’eau.
Le sable… c’est aussi le désert. Les bancs de sable sont très secs et chauds ; la végétation forme des « pelouses » maigres. Seules des espèces animales et végétales adaptées peuvent vivre dans ces conditions, comme l’épervière de Loire (une plante cousine des pissenlits), l’orpin, l’œdipode turquoise (un criquet) ou l’œdicnème criard.
Un peu plus loin de l’eau, la végétation a pu se développer dans des endroits moins inondables. La forêt alluviale est remarquable par sa diversité : saules, peupliers, chênes, frênes… Elle offre une nourriture abondante au castor et des conditions idéales aux hérons pour y construire leurs nids.
Le mot de « boire » est un terme local, qui désigne les anciens bras secondaires de la Loire.
Mais l’intérêt écologique de ces zones humides n’a rien de secondaire.
La faune et la flore y trouvent eau et sédiments à volonté et à l’abri du courant. Les poissons viennent y déposer leurs œufs. Les plantes aquatiques peuvent y pousser à l’abri des crues…
Le fleuve tout entier rend de nombreux services aux humains : le sable et la végétation épurent l’eau avant les stations d’eau potable ; les poissons attirent les pêcheurs ; le bétail se nourrit sur les prairies alluviales… Il offre de belles découvertes à pied, à vélo ou en canoë. Les paysages ont inspiré une infinité d’artistes.
La Loire arrive bientôt au terme de son voyage. Depuis la confluence avec la Vienne, elle parcourt les vallées Angevines à travers le département du Maine-et-Loire, avant de s’échapper dans les flots de l’océan Atlantique par un long estuaire.
Près d’Angers, la Maine et les rivières qui la forment, Mayenne, Sarthe et Loir, débordent souvent de leur lit pour former une vaste zone humide, faite de prairies humides ou inondables. En hiver, elles deviennent une immense zone inondable et un axe pour la migration de poissons, comme l’anguille, ou des zones de pontes idéales pour le brochet. Ce sont les basses vallées angevines, reconnues pour leur biodiversité et classées Natura 2000.
La Loire achève sa course avec lenteur, car sa pente est très faible. La rencontre de l’océan avec le fleuve est progressive, le long des 60 kilomètres de l’estuaire. Elle donne naissance à des milieux naturels (vasières, roselières, prés salés...) très riches écologiquement.
Plaisirs des yeux et de l’esprit
L’estuaire de la Loire, en tant que couloir emprunté et fréquenté par les oiseaux migrateurs, est un terrain très prisé des amoureux des oiseaux, des ornithologues en quête de nouvelles observations.
A pied, à vélo, en bateau, les paysages de l’estuaire et la richesse de la biodiversité ont inspiré de nombreux artistes contemporains. Un serpent d’océan de 120 mètres de long, un belvédère tressé en forme de nid, un arbre lunaire… 33 œuvres originales agrémentent de manière permanente les rives de la Loire le long du « parcours estuaire », de Nantes à l’océan.