La construction de nouveaux bâtiments et l’extension des villes portent atteinte à la biodiversité, sans que les habitants en soient toujours conscients. Alors que la dégradation des milieux naturels détériore en retour la qualité du cadre de vie urbain.
Construire un bâtiment, aménager des quartiers, étendre les villes… Toutes ces activités humaines changent l’usage des terres, modifient les sols, fragmentent les habitats naturels et dégradent la biodiversité.
Les immeubles, les maisons particulières, les parking, les routes, les centres commerciaux, les zones artisanales, industrielles, mais aussi les golfs, les terrains de football participent à l’artificialisation des sols. Ces infrastructures altèrent profondément les fonctions des sols vivants.
En chiffres
Cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population.
(Source : ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
En France et dans les pays en pleine croissance économique, les villes ne cessent de s’agrandir en périphérie, principalement par la construction de logements individuels mais aussi d’entreprises nécessitant de grandes surfaces. L’étalement urbain ou les constructions en pleine nature se font au détriment des milieux naturels, des espaces agricoles et forestiers.
On constate que l’étalement urbain progresse plus vite que la croissance démographique.
Près de 9 000 communes continuent d’artificialiser leur territoire alors que le nombre de ménages dans ces communes diminue.
Les bâtiments, les routes, les autoroutes, les voies de chemins de fer, les lignes à haute-tension constituent des obstacles qui perturbent la libre-circulation des espèces. A moyen terme, la fragmentation des habitats naturels en une multitude d’îlots privent les espèces de ressources alimentaires, et limitent les rencontres avec des partenaires, jusqu’au risque d’extinction.
La croissance de l’habitat engendre nécessairement l’accaparement de ressources naturelles par l’espèce humaine et la dégradation des conditions de vie de la biodiversité. Or celles-ci sont rarement renouvelables, ou alors à un rythme très lent.
Depuis l’invention du béton en 1870, les granulats (sable et gravier) qui le composent aux 2/3 sont devenus la 2 ème ressource mondiale naturelle la plus utilisée après l’eau.
L’extraction terrestre, marine ou fluviale altère ou détruit les milieux naturels et provoque également dérangement et érosion de la biodiversité.
40 à 50 milliards de tonnes de sable sont utilisées par an dans le monde pour la construction, soit 18 kilogrammes par personne chaque jour. (Source : Programme des Nations Unies pour l’environnement)
La croissance urbaine actuelle provoque une demande accrue en eau, alors qu’elle réduit les possibilités d’approvisionnement. Les surfaces imperméabilisées par les constructions empêchent la pluie de pénétrer dans le sol : c’est de l’eau en moins pour la biodiversité et les nappes souterraines qui voient leur alimentation diminuer.
L’eau, qui ne peut s’infiltrer, ruisselle en surface et vient gonfler plus rapidement les rivières. Elle peut provoquer des inondations plus fréquentes : ce sont des végétaux arrachés, des animaux aquatiques et terrestres emportés et des maisons détruites.
Utilisé pour la construction, l’isolation, la décoration, le mobilier et le chauffage, la demande de bois a considérablement augmenté.
Le pillage des forêts fait disparaître des milieux naturels entiers, supports d’une biodiversité particulièrement riche.
Les villes et le développement de l’urbanisation sont des acteurs majeurs du changement climatique, qui affecte les citadins.
En 2017, le secteur des logements et des bureaux est le deuxième poste d’émissions de GES (Gaz à effet de serre) en France, soit 20 % du total national. (Source : notre-environnement.gouv.fr)
Les villes émettent des quantités de CO2 croissantes. En utilisant des combustibles fossiles (gaz, charbon, pétrole) pour se chauffer, se nourrir, les logements français ont émis 54,9 millions de tonnes de gaz carbonique (CO2) en 2018 soit 18 % des émissions nationales dues à la combustion d’énergie. (Source : notre-environnement.gouv.fr)
Des habitants se chauffent, se climatisent, cuisinent. De l’eau chaude s’échappe dans les égouts. Des voitures et motos sillonnent les rues. Des avions se posent et décollent près des centres urbains. La ville s’active et s’échauffe.
Des surfaces construites absorbent la chaleur du jour et la restituent la nuit. La température grimpe.
Sur les zones imperméabilisées, l’eau est canalisée vers les égouts. Elle ne s’évapore plus. L’air reste chaud. C’est ainsi que l’étalement urbain crée des îlots de chaleur.
Des villes se sont étendues jusque sur les zones inondables en oubliant les services que ces espaces naturels rendent aux habitants, comme à la biodiversité.
Construire en zones inondables réduit leur rôle tampon entre la rivière et les aménagements urbains, empêche la végétation de purifier l’eau, et détruit les milieux naturels inondables, prairies humides, marais, mares, refuges pour la biodiversité.
En 2016, un million de français, dont 100 000 particulièrement vulnérables (jeunes enfants et personnes très âgées), vivaient dans des zones potentiellement inondables, souvent urbanisées. Les populations du Vaucluse et des Alpes-Maritimes, notamment à Nice, sont les plus exposées. (Source : Insee)
Les activités quotidiennes de la ville produisent de nombreux polluants dont les émissions affectent la qualité de l’air, de l’eau, des sols sans oublier les pollutions acoustiques et lumineuses. Toutes ont un impact sur la santé et sur l’état de la biodiversité.
Les polluants atmosphériques dégagés par les villes participent à la dégradation de la biodiversité. Les périodes de chaleurs, particulièrement fortes en ville, favorisent une abondante formation d’ozone : le fameux pic d’ozone. C’est l’un des principaux polluants atmosphériques responsable de la perte de biodiversité. Il affecte particulièrement la végétation, réduit la croissance de certaines espèces, ou nécrose le feuillage.
Sous la surface des villes, un gigantesque réseau de canalisation – le tout-à-l’égout - récupère les eaux de pluie et les eaux usées chargées de polluants et les achemine vers des stations d’épuration. Mais parfois, ce système d’assainissement n’est pas, ou n’est plus de taille à traiter les pollutions. De plus, certaines stations d’épuration ne fonctionnent pas parfaitement. Lors de fortes pluies, une partie des rejets d'effluents pollués atteignent les milieux naturels et ont un effet toxique sur les espèces aquatiques.
Le bruit généré par les activités urbaines affecte la plupart des milieux naturels, et particulièrement ceux traversés par les voies de communication. Pourtant, les effets de la pollution sonore sur la biodiversité sont à ce jour très peu pris en compte dans les programmes d’urbanisation.
La femelle rainette verte évalue le chant des mâles pour juger de leur qualité d’accouplement. Mais plus le niveau de bruit ambiant est élevé, plus l’activité vocale du mâle est affectée.
L’homme, animal diurne, produit de la lumière artificielle la nuit.
La lumière artificielle augmente de 2% environ par an à l’échelle mondiale, à la fois en surface et en quantité. (Source : First Estimation of Global Trends in Nocturnal Power Emissions Reveals Acceleration of Light Pollution)
Les ondes lumineuses ont plusieurs effets néfastes sur la biodiversité. Celles à dominante bleue, proche de la lumière du jour, dérèglent les rythmes biologiques du vivant, en inactivant par exemple la mélatonine, une hormone déclenchant l’endormissement. Or la grande majorité des animaux sont nocturnes.
L’urbanisation fragilise les milieux naturels et affaiblit le développement des espèces locales. Elle favorise ainsi l’implantation et la propagation des espèces exotiques envahissantes.
Les routes et leurs fossés ouvrent particulièrement de nouveaux chemins à la propagation de certaines espèces exotiques envahissantes.
Dans les parcs publics et les jardins privés, les plantes d’ornement venues de pays lointains se dispersent parfois dans la nature et s’acclimatent si bien qu’elles prennent la place de plantes locales et leur nourriture.
Les doux plumeaux de l’herbe de la Pampa, belle plante d’ornement importée d’Amérique du sud, ne sont plus les bienvenus sur les façades littorales où elle est devenue envahissante, modifiant le patrimoine naturel, tout particulièrement en région méditerranéenne.
Avec plus de 2000 plantes introduites à La Réunion et 1800 en Polynésie française, ces collectivités comptent plus de plantes exotiques que de plantes indigènes.
Le mal logement persiste
L’extension urbaine ne permet pourtant pas de se loger mieux ni de loger tout le monde. En 2019, on comptait 36,8 millions de logements en France métropolitaine, mais 4 millions de personnes étaient mal logées, dont 900 000 privées d’un logement personnel.
En 2019, 15 % des Français ont déclaré avoir eu froid chez eux. (Source : Ademe)